En douze mois, les valeurs des grandes banques françaises et européennes sont en repli, et figurent même parmi les baisses les plus importantes des principaux indices boursiers. Pourtant, d’après un analyste de Fitch Ratings, l’activité soutenue sur le marché du prêt est favorable aux prêteurs. Par ailleurs, l’investissement repart, et la gestion d’actifs ainsi que l’assurance se portent bien. Enfin, les établissements affichent un bilan solide, leurs fonds propres ayant même augmenté de 100 % au cours de la décennie. Décrochage généralisé des grandes banques Important Toutes les grandes enseignes sont touchées par le décrochage en Bourse observé depuis un an. Côté français, le titre de Société Générale a chuté de 22 %, tandis que celui de BNP Paribas a perdu 18 %, presque autant que celui de Crédit Agricole (-17 %). Natixis s’en sort mieux avec « seulement » -8 %. Selon un analyste du courtier allemand Berenberg, la hausse du bénéfice par action est bridée par des « pressions cycliques ». Malgré le dynamisme du crédit, les marges des banques sur ce produit restent limitées, tandis que le risque lié au prêt est sous-estimé. Par ailleurs, les revenus des banques françaises reposent largement sur les ventes croisées et les commissions perçues notamment sur la gestion d’actifs et l’assurance. Leur position sur des segments plus rémunérateurs est en danger, face à de nouveaux concurrents qui maîtrisent les dernières technologies et alors que les contraintes réglementaires s’alourdissent. Autant de facteurs qui pèsent sur leurs marges. Enfin, il estime que la capitalisation des banques françaises est trop faible par rapport à leur levier financier et à un calcul crédit risqué. Plusieurs obstacles à d’éventuels rapprochements De leur côté, les analystes d’UBS redoutent l’impact du niveau faible des taux d’intérêt sur la rentabilité des banques, et ce, d’autant que le volume de renégociations de crédits reste élevé. Ils évoquent également le risque pays (Italie, Turquie, Espagne) et l’insuffisance des provisions, qui se situent à environ 50 % de leur moyenne de long terme. Enfin, les plans de réductions de coûts sont jugés inefficaces par les investisseurs, alors que la transformation digitale implique des dépenses colossales. De nombreux établissements pourraient opérer une fusion, entre autres en Allemagne, en Italie et en Autriche, caractérisés par un marché trop large. Ils citent notamment Barclays, Commerzbank, Deutsche Bank, Société Générale, Standchart et Unicredit. Néanmoins, d’après l’expert de Fitch Ratings, l’Europe ne possède pas d’Union bancaire, ce qui pourrait compliquer d’éventuels rapprochements. En effet, une banque ne pourra faire revenir au siège l’excédent de trésorerie d’une filiale étrangère, et les achats à l’étranger devront être comptabilisés en opérations transfrontalières, accroissant en conséquence les exigences de fonds propres.