Lors d’une conférence de presse commune, la Fédération française du bâtiment (LCA-FFB) et le Crédit foncier ont dressé un bilan du marché de l’immobilier en France entre le 1er janvier et le 31 juillet 2018, et la situation est alarmante. Les perspectives d’avenir ne sont pas plus encourageantes, avec des baisses attendues sur tous les segments. Repli continu des ventes de maisons individuelles Entre novembre 2017 et fin juillet 2018, les ventes brutes de maisons individuelles ont diminué de 9,8 % en glissement annuel sur douze mois. À la fin de la période étudiée, le nombre annuel d’unités vendues est tombé à 123 600, soit 11 400 biens de moins qu’en 2017. Aucune région n’est épargnée, mais certaines sont plus durement frappées, comme l’Occitanie, l’Auvergne–Rhône-Alpes et la Normandie, qui accusent des baisses respectives de 19 %, 21 % et 23 %. En outre, au cours des mois de juin et juillet dernier, les performances du marché ont même été inférieures à celles de 2015. Se basant sur cette tendance, la LCA-FFB anticipe un recul de l’ordre de 12 à 15 % du volume de vente, ce qui correspond à 115 000 et 120 000 maisons. Les promoteurs immobiliers s’en sortent un peu mieux, les ventes au début de l’été s’étant contractées de seulement 0,2 % sur un an. Toutefois, entre mai et juillet, aussi bien les mises en vente que les permis de construire ont chuté (-12,8 % et -12,1 % respectivement). Ralentissement sur le marché de la construction La mauvaise santé du secteur de la construction se reflète sur le nombre de permis de construire octroyés, en baisse de 4,5 % sur un an avec seulement 474 800 autorisations délivrées en juillet dernier. La tendance est similaire en matière de mises en chantier, car la nette décrue observée depuis le printemps 2018. Le Crédit foncier table ainsi sur 411 000 logements neufs construits cette année, soit 19 000 de moins par rapport à l’an dernier. En parallèle, le prix moyen au mètre carré des appartements a augmenté de 2,7 % (4 048 euros) tandis que le coût unitaire des maisons a crû de 3,2 % (264 048 euros). Le marché de l’ancien est également en difficulté, puisqu’une baisse de 6 % des transactions est attendue, avec 959 000 logements vendus en 2018, au lieu de 900 000 en 2017. Le mouvement s’explique notamment par l’envolée des prix, dans la région parisienne (+4,3 %) comme en province (+3,1 %). À Lyon, Lille, Nantes ou Bordeaux, la hausse est même supérieure à 6 %, quand la moyenne nationale est de +3,5 %. La réduction des aides publiques mise en cause LCA-FFB et le Crédit foncier pointent unanimement du doigt la suppression de l’APL accession et le recentrage du PTZ, tous deux entrés en vigueur au 1er janvier dernier. Selon 90 % des adhérents de LCA-FFB dans un sondage, ces deux réformes ont stoppé la dynamique du marché en accession dans les zones B2 et C. En zone B2, les ménages modestes ont vu leur taux d’endettement passer de 29,3 % à 39,4 % d’une année à l’autre, ce qui les rend non solvables et brise leurs rêves de devenir propriétaires. La fédération redoute même que le nombre de ventes de logements neufs tombe sous le seuil symbolique des 100 000 unités annuelles et plébiscite le retour de l’APL accession ainsi que le maintien du PTZ dans les zones B2 et C après 2019. Car les conditions de crédit toujours très favorables ne suffisent plus à compenser la flambée des prix du foncier. En août, le taux d’intérêt se situait à 1,43 % et la durée moyenne a été allongée, atteignant 223 mois (l’équivalent de 18 ans et 7 mois), ce qui a pour effet d’alléger les mensualités des emprunteurs ou de leur permettre de s’endetter davantage pour acheter plus grand. Enfin, les établissements prêteurs n’hésitent plus à accorder des financements à 110 %, c’est-à-dire sans apport personnel pour couvrir les frais de notaire .