Depuis 2012, le coût de l’emprunt est au plus bas. Il y en a même qui ont pu emprunter à des taux négatifs. Cette politique d’« argent facile » vise principalement à relancer l’économie en encourageant les investissements et en soutenant la consommation. Aujourd’hui, avec l’amélioration de la conjoncture économique, ces mesures n’ont plus leur raison d’être. Les banques centrales commencent à y mettre fin de manière progressive. C’est le cas par exemple de la Fed, aux États-Unis. Depuis 2015, son taux directeur est reparti à la hausse. Pour sa part, la BCE se limite jusqu’ici à restreindre les injections de monnaie. Elle ne devrait pas tarder à emboiter le pas de son homologue américain. Les heureux gagnants La remontée des taux d’intérêt serait clairement une bonne nouvelle pour les épargnants. En effet, depuis la baisse des taux, leurs placements n’ont quasiment pas produits d’intérêts. À titre d’exemple, en 2017, les contrats d’assurance vie ne rapportaient plus que 1,60 % par an. Pour sa part, le rendement du Livret A est ramené à 0,75 %. Important Si les taux d’intérêt repartent à la hausse, ces investissements retrouveront leur dynamisme et les épargnants verront leurs gains s’améliorer. Important La remontée des taux profitera également aux assurances et aux banques pour lesquelles les intérêts des crédits représentent une manne considérable. En effet, avec le niveau bas des taux, le manque à gagner pour ces institutions financières est assez important. Par conséquent, elles prennent davantage de risque. Elles se sont par exemple ruées sur les « subprimes », malgré les risques qui leur sont associés, et ce, en raison notamment de leur rémunération plus élevée que celle des prêts traditionnels. Les grands perdants Mais une hausse des taux ne profite pas à tout le monde, en premier les États surendettés. En effet, cela signifie une augmentation du prix de l’argent. Au niveau des finances d’un État, pour un crédit d’un même montant, il faudra débourser plusieurs milliards de plus. En effet, une augmentation de 1 % des taux d’intérêt se traduirait l’année suivante par une hausse de plus de 2 milliards du poids de la dette, soit autour de 20 milliards de remboursements en dix ans. Quoi qu’il en soit, de l’avis des spécialistes, il convient de relativiser, car l’impact sur les finances de l’État ne sera pas immédiat. Cela peut prendre plusieurs trimestres, voire des années. Important Autre victime en cas de remontée des taux : les ménages. Ces derniers devront réduire leur consommation et les acquisitions immobilières, ce qui risque de freiner l’élan pris par le secteur immobilier, et de surcroît toute la croissance économique. Du côté des entreprises françaises, particulièrement des grosses firmes, la nouvelle risque d’être mal perçue. En effet, avec leur niveau d’endettement – l’équivalent aujourd’hui de 72 % du PIB – une hausse des taux peut engendrer des conséquences dramatiques. Les entreprises pouvant être amenées à stopper net leurs projets d’embauche ou d’investissement, et dans le pire des cas à déposer le bilan.