Même avec des revenus très élevés, il est souvent difficile de se voir attribuer un prêt sans justifier d’un contrat à durée indéterminée en bonne et due forme. En effet, les travailleurs indépendants, les intérimaires et les postes en CDD se voient souvent refuser leur dossier lorsqu’ils veulent emprunter auprès des établissements financiers. Et la conjoncture à laquelle le secteur bancaire fait face actuellement par rapport à la faiblesse des taux ne joue pas non plus en leur faveur. Pour les établissements bancaires, trier les dossiers de demande de crédit qui leur tombent en masse sous les bras ne facilite pas les choses. C’est aussi une des raisons pour laquelle ils sont assez sceptiques à recevoir des requêtes émanant des demandeurs dont la situation professionnelle peut leur compliquer la tâche. En effet, les banques préfèrent traiter les dossiers des travailleurs dont la capacité d’emprunt peut être calculée de manière simple, afin qu’elles puissent statuer rapidement sur leur situation. Mais alors que les jeunes entrepreneurs, les intérimaires et les travailleurs indépendants qui commencent leur parcours professionnels peinent à se voir délivrer un crédit, les banques, de leur côté, offrent un environnement plutôt paradoxal par rapport aux conditions d’octroi des prêts : d’un côté, elles appellent à une flexibilité du marché du travail, alors que de l’autre côté, elles ferment la portent aux emprunteurs au profil professionnel non conventionnel. Que faire pour obtenir un crédit ? Dix ans de crédit immobilier, quatre ans de loyers toujours réglés rubis sur l'ongle, 55 % d'apport, et des mensualités de 500 euros alors que notre loyer actuel est de 1 300 euros. Il a des revenus réguliers depuis dix ans, ma boîte a trois ans d'existence et je me verse 3 000 euros de salaire par mois. C'est désolant. Même avec un projet rationnel, il n'y a aucune logique. Zeynabou, cette entrepreneuse de 36 ans crie son indignation face à la complexité des procédures bancaires en vue de l’obtention d’un prêt. En effet, les organismes de crédits se montrent très stricts sur les conditions d’octroi d’un prêt aux personnes dont le profil n’est pas conforme aux exigences habituelles. Selon un expert en courtage bancaire, il est essentiel de laisser aux banques le temps de se pencher plus sérieusement sur les revenus du demandeur. Chaque catégorie de professionnel est régie par un délai minimum d’ancienneté au sein de son activité pour se faire délivrer un crédit : professions libérales : 2 ans d’ancienneté, entrepreneuriat : 3 ans d’exercice avec présentation des bilans et comptes de résultat, emploi saisonnier : 4 ans avec une alternation des emplois en montagne en hiver et ceux à la mer durant la période estivale. En ce qui concerne la rémunération, les banques privilégient les courbes ascendantes aux salaires dessinant de perpétuelles oscillations. Puis ces établissements tiennent aussi en compte le montant du reste à vivre, qui est de 1.000 euros pour un couple, auxquels devront s’ajouter le montant de 200 euros par enfant à charge. Les travailleurs atypiques sont traités différemment La garantie de leur dossier constitue le premier souci de ces travailleurs au profil non conventionnel. En effet, les établissements de garantie ne prennent pas en charge leur dossier. Ainsi, afin de se voir octroyer un crédit, ils doivent solliciter les services d’un notaire pour consentir un privilège de prêteur de denier à la banque. À noter que le taux appliqué à leur emprunt sera plus élevé que celui des emprunteurs classiques. Selon les explications de notre directrice de la communication, Maël Bernier, ces taux tourneraient autour des 0,2 ou 0,3 point par rapport aux taux appliqués aux emprunteurs en CDI. De plus, le mode de calcul du montant octroyé pour le prêt n’est pas le même que les prêts habituels. Sandrine Allonier de noter : Pour évaluer les revenus annuels, et donc prévoir une mensualité et un montant de prêt, certaines banques tiennent compte des indemnités de chômage des intermittents, d'autres refusent de les intégrer. Mais pour ces dossiers, au-delà des conditions, la plus grosse question, c'est encore l'acceptation ou le refus Sandrine Allonier