Grâce à la chute des taux d’intérêt depuis 2015, la production de logements est relancée, et cette tendance devrait se poursuivre en 2017. Paradoxalement, bon nombre de ménages n’ont pas de logement décent, les politiques publiques ne répondant pas à la demande réelle. Offre insuffisante sur tous les segments de marché Depuis plus de trente ans, la France enregistre entre 300 000 et 400 000 mises en chantier de logements par an. Par ailleurs 2015 et 2016, le nombre de candidats à la propriété a considérablement augmenté du fait des conditions très attractives des prêts à l’habitat. Pourtant, en parallèle, ces quinze dernières années, la moitié de ces potentiels acquéreurs a dû renoncer à son projet, le prix des habitats neufs collectifs ayant connu une hausse de 100 %. Et si les résidences individuelles sont moins onéreuses, elles sont régies par des règles d’urbanisme très strictes qui en limitent la production. Quant au secteur locatif privé, il subit les multiples changements liés aux dispositifs de défiscalisation. En outre, la commercialisation de « produits investisseurs » pénalise celle des logements en accession ainsi que la production d’habitats sociaux, ces 3 types de résidences composant souvent un ensemble. Enfin, la répartition des aides est très inégale à travers le territoire, les zones « tendues » comme la région parisienne, la Côte d’Azur, etc. en recevant la quasi-totalité. Notons néanmoins que les fonds octroyés par l’État pour la construction de 35 000 logements locatifs intermédiaires à l’adresse des foyers dont les ressources dépassent légèrement le minimum pour le logement social devraient continuer à soutenir la production au cours des prochaines années. Politique inadaptée de logement Datant de 1977, la politique française en matière de logement n’est plus adaptée aux réalités du marché. Non seulement la propriété est difficilement accessible, mais elle est aussi moins intéressante pour le primo accédant, faute d’une rentabilité suffisante et de visibilité sur une plus-value. Avec l’essor de l’économie de l’usage, les politiques devraient s’orienter dans ce sens, et non chercher à tout prix à favoriser l’accession. Différentes solutions existent pour permettre à différentes catégories de personnes de se loger sans s’acquitter de l’intégralité du prix du bien en une fois : résidences avec services pour étudiants, seniors ou jeunes actifs, location-accession, nue-propriété dissociée de l’usufruit. Pour satisfaire la demande, la production de logements individuels aussi doit redémarrer, avec une nécessaire diversification, notamment au travers des modèles innovants denses économes en foncier. Le logement locatif intermédiaire réclame un soutien accru, qui passe tout particulièrement par une incitation des investisseurs institutionnels, de retour dans le résidentiel après 25 ans. Enfin, l’ancien réaménagé offre une piste intéressante. Au-delà de la création d’emplois, la question du logement mérite une attention urgente, car le premier poste budgétaire des Français affecte leur pouvoir d’achat, ainsi que leurs chances de décrocher un emploi stable.