La Banque de France a publié ses dernières estimations jeudi dernier. Il en ressort que le taux moyen des crédits immobiliers (hors frais et assurances) franchit le seuil de 2 %, une première depuis avril 2016. Malgré une année exceptionnelle, la production de crédits à l'habitat ralentit. 2,04 %, c’est le taux moyen constaté par la Banque de France en décembre pour les crédits immobiliers (hors frais et assurances). Selon les dernières estimations publiées ce jeudi par l’institution, il franchit ainsi le seuil des 2 % pour la première fois depuis avril 2016. Un taux moyen déjà constaté par l’observatoire Crédit Logement/CSA début novembre. Ce phénomène s’explique notamment par le resserrement monétaire amorcé par la Banque centrale européenne (BCE), qui a fait progresser le taux auquel se refinancent les banques. Une forte hausse des taux de crédit immobilier, qui conduit également à un ralentissement de l'activité sur les dernières semaines de 2022. Malgré une année record, la Banque de France annonce en effet une baisse de la production de crédits à l'habitat (-3 % par rapport à 2021). Hors renégociations de prêts, la production des nouveaux crédits sur l'année 2022 « ressortirait à 218,4 milliards d'euros », selon les dernières données de la banque centrale, arrêtées à fin novembre, mais qui intègrent une projection du dernier mois de l'année. Malgré tout, c'est « un plus haut historique en dehors de la production exceptionnelle de l'année 2021 », précise le document de suivi mensuel. « L'offre de crédit est restée abondante et moins chère que chez nos principaux partenaires européens », a confirmé lors d'une conférence de presse Marie-Laure Barut-Etherington, directrice générale adjointe à la direction des statistiques, études et international à la Banque de France. Le taux d’usure n’est pas responsable de la baisse de production de crédits Le taux d’usure, c'est-à-dire le seuil maximal au-dessus duquel les banques ne peuvent prêter, est-il responsable du ralentissement de la production de crédits ? Non, répond Marie-Laure Barut-Etherington. Pourtant, ce taux censé protéger les emprunteurs de conditions abusives est régulièrement pointé du doigt ces derniers mois. De nombreux acteurs du secteur voient en lui un frein à l'accès au crédit immobilier. Certains professionnels réclamaient d’ailleurs la révision de son mode de calcul. Actuellement, il est calculé une fois par trimestre. Cela implique un certain décalage en cas de hausse rapide des taux immobiliers, comme c’est le cas aujourd’hui. Néanmoins, il semblerait que le nombre de compromis annulés, ayant pour motif un refus de prêt, soit en réalité « bien moins important que ce qu'ont pu déclarer certains opérateurs du marché dont la communication alarmiste a sans doute contribué à freiner les projets immobiliers davantage encore que le durcissement des conditions d'emprunt », constatait mardi Charles Marinakis, le président de Century 21.