Les taux d’intérêt des crédits à l’habitat entament leur ascension après s’être longtemps stabilisés à des niveaux bas. Dès lors, les emprunteurs s’interrogent s’il faut en contracter un maintenant ou attendre plus tard. Face à cette question, les spécialistes du secteur informent que l’augmentation des taux pourrait s’accélérer d’ici 2023. À cause entre autres du conflit russo-ukrainien ou de l’inflation, l’heure est à la bascule pour le prêt à l’habitat. Dû à ces circonstances, les emprunteurs sont devenus plus hésitants et les taux s’engagent dans un mouvement haussier. Ce qui amène beaucoup à se demander quelle cadence cette flambée tiendra-t-elle. Plus important encore, quand faudra-t-il souscrire un crédit pour éviter d’être trop tard ? Un directeur général adjoint de Société Générale, Sébastien Proto, répond que la vitesse dépendra notamment du taux d’usure. Soit le taux plafond auquel les banques peuvent appliquer pour leur offre de prêt. Pour l’instant, celui-ci se situe à 2,43 % pour les contrats de 20 ans. L’accroissement pourrait s’aviver d’ici l’année prochaine Cet indicateur est déterminé par les taux fixés par les organismes bancaires pendant le trimestre précédent, majorés d’environ 33 %. Le responsable de la banque commerciale de Société Générale explique que pour le moment, ces pourcentages évoluent lentement : […] On observe des 'repricing' de 5-6 points de base selon les acteurs de mois en mois. […] Dans ces conditions, anticipe-t-il, le taux d’usure n’empêchera plus l’envolée des taux de crédit immobilier d’ici janvier 2023. Leur augmentation pourrait donc s’accentuer. L’expert soutient également que le marché s’ajustera. Néanmoins, tous les concurrents ne modifieront pas leurs tarifs d’ici peu, estime-t-il. Certains établissements bancaires priorisent en effet leurs marges, d’autres leur part de marché. Les enseignes mutualistes comme BPCE, Crédit Mutuel, ou Crédit Agricole peuvent redresser leurs gammes de prix moins rapidement. La raison : elles réalisent de conséquents volumes grâce à leur supériorité sur le marché. En attendant, l’Observatoire Crédit Logement/CSA a déclaré que la montée des taux, hors assurances, s’est déjà amplifiée en avril 2022. L’organisme dévoile que ce mois-là, les taux d’emprunt se situaient à 1,27 %, reflétant ainsi une élévation : De l'ordre de 25 points de base (0,25 %) depuis décembre 2021. Beaucoup de ménages sont exclus du marché Cette variation risque de mettre une proportion des emprunteurs à l’écart, mais également d’occasionner un mouvement de prévision. Autrement dit, les foyers essaieraient d’obtenir un crédit avant que les taux parviennent à des sommets. Lors de la divulgation des résultats de Crédit Agricole entre janvier-mars 2022, son directeur général a commenté le contexte actuel : Nous sommes dans un moment difficile à prévoir car le momentum est en train de s'inverser. L’appétit pour le prêt à l’habitat demeurera important, a-t-il annoncé. Ceci en dépit du fait que les conditions d’attribution sont en passe de se renforcer. Les règles prudentielles énoncées par le HCSF (Haut Conseil de Stabilité Financière) sont devenues obligatoires depuis début janvier 2022. Seuls deux Français sur dix peuvent y échapper. Philippe Brassac regrette que les recommandations du HCSF amènent à : […] L'exclusion de certains clients qui pourraient être financés et qui pourtant sont exclus. Philippe Brassac Celles-ci prévoyant de limiter à 35 % la proportion de ressources dédiées à l’assurance et au remboursement des crédits. Quant à la durée de ces derniers, elle est restreinte à 25 ans.