En 2021, nonobstant un problème accru de recrutement, les carnets de commandes des entreprises franciliennes du BTP ont été remplis. En revanche, celles-ci ont vu leurs marges s’affaisser à cause notamment de la politique des maîtres d’ouvrage. Les surcoûts provoqués par la pénurie des matériaux de construction sont rarement supportés par ces derniers. Fin décembre dernier, la Fédération française du bâtiment (FFB) de la région francilienne a dévoilé les résultats de 2021. Selon le rapport de l’organisation, cette année a été marquée par plusieurs crises, dont celui du recrutement. 75 % des chefs d’entreprise dans la filière affirment voir leur activité freinée par ce défaut de main d’œuvre. Le dirigeant des sociétés Chauvin serrurerie et métallerie, Gilles Camatte, révèle que les centres de formation manquent d’étudiants. Parmi ces formations peuvent notamment être citées celles sanctionnées par un certificat de qualification professionnelle (CQP). Plus généralement, les centres de formation peuvent éventuellement faire appel à des migrants comme source potentielle d’apprentis, précise le cadre. La main d’œuvre et les prix des matériaux sont mis en cause Sur le plan national, des initiatives sont mises en place. Appuyée par l’État, la FFB a par exemple déployé en 2021 un projet baptisé « 15.000 jeunes talents bâtisseurs ». En attendant que ces programmes deviennent profitables, Michelle Ducrest, mandataire à la Chambre de commerce et d’industrie) Île-de-France, déplore : Cette difficulté plombe la reprise économique de nos artisans, qui ne sont pas capables de répondre à la demande alors que les carnets de commandes sont pleins. Michelle Ducrest Autre constat en 2021, les marges de 36 % des sociétés dans le secteur se sont restreintes. La branche francilienne de la FFB en témoigne à travers ses données entre juillet et septembre 2021. Une situation due au fait que les maîtres d’ouvrage prennent rarement en charge les surcoûts entraînés par : La flambée des factures énergétiques ; La pénurie de matériaux. Conséquence de ce contexte : acheter un bien ou réaliser un investissement locatif en Île-de-France pourrait devenir plus cher à l’avenir. Le bilan 2021 est mitigé et les prévisions 2022 sont timides Enfin, l’immobilier francilien a totalisé 37 milliards d’euros de chiffre d’affaires en 2021. Comparativement à l’année précédente, une variation positive de 13 % se dégage. Si l’on se réfère à 2019, une réduction de 4,6 % est relevée. Le nouveau président de la FFB d’Île-de-France, Philippe Servalli se réjouit : C'est mieux, mais nous sommes encore loin des chiffres d'avant crise. Philippe Servall Après plus de dix ans d’une croissance maintenue, la filière espérait continuer dans cette dynamique. Elle s’attendait notamment à profiter de gros projets, à l’instar du métro du Grand Paris Express. L’épidémie de Covid-19 a engendré un ralentissement des constructions neuves depuis deux ans. Toutefois, les statistiques de l’année dernière semblent refléter un rebond. Philippe Servalli décrypte : Le plan de relance est passé par là, les carnets de commandes se remplissent. Philippe Servall Pour l’année qui démarre, les experts préfèrent rester prudents sur la possibilité d’une reprise de la construction. À l’égard des habitations neuves collectives, entre autres, ils font même preuve de crainte.