Associés à la crise financière de 2007 à 2008, les crédits à taux variables ont été depuis abandonnés en France. Cependant, des rumeurs circulent que la Banque centrale européenne projetterait d’adopter des mesures pour qu’ils soient réinstaurés. Cette pratique présente des avantages tant pour les emprunteurs que pour les organismes créanciers. La probabilité d’un basculement vers les taux révisables se renforce de plus en plus en matière de prêt à l’habitat. Selon notre directrice de la communication, Maël Bernier, ce passage est susceptible de profiter à certains emprunteurs. Il pourrait déboucher sur l’approbation de demandes de crédit jusque-là rejetées à cause du seuil de l’usure, explique-t-elle. À noter que celui-ci désigne le taux effectif global (TAEG) plafond au-dessus duquel une banque ne peut accorder de financement. Notre porte-parole souligne que les organismes prêteurs ne réussiront pas à trouver preneur pour les taux entièrement révisables. S’il est limité, le dispositif constitue cependant une solution permettant d’échapper au taux d’usure, précise-t-elle. Une pratique plus protectrice pour les emprunteurs Un taux immobilier révisable capé contribuerait ainsi à la relance de la filière du crédit, d’après Maël Bernier. Elle expose que les emprunteurs peuvent décrocher un prêt à 1,81 %, frais et assurance exclus, avec : […] Un taux variable qui n’ira pas au-delà de 2,8%. Maël Bernier Ces TAEG révisables plafonnés fourniront donc aux Français la possibilité de souscrire un financement plus conséquent. Ceci pour se payer une plus grande superficie. À titre informatif, les TAEG fixes demeurent extrêmement faibles dans l’Hexagone malgré leur remontée considérable. L’Observatoire Crédit Logement a calculé qu’ils avoisinent maintenant les 2 % sur 20 ans. Le patron d’une entreprise de courtage soutient que cette option s’est, à une époque, avérée alléchante : […] Pour contourner le taux d’usure, mais financièrement parlant, elle ne l’est plus. Maël Bernier Pour l’instant, le terme « révisable » à lui seul pourrait incommoder plusieurs acquéreurs. Maël Bernier estime que les établissements créanciers doivent intervenir en pédagogue pour montrer aux ménages que ces taux variables : […] N’ont rien à voir avec ceux qui sont proposés aux États-Unis […] par exemple. Maël Bernier Les organismes français de prêts appliquent des taux inchangeables, à la différence des pays anglo-saxons. Compte tenu de l’accélération de l’inflation, cette solution garantit une sécurité aux débiteurs. Les banques perdent en revanche de l’argent sur les financements. Les TAEG qu’elles pratiquent s’élèvent en effet à un niveau inférieur à ceux auxquels elles s’endettent. La BCE dément imposer le retour La Banque centrale européenne (BCE) songerait toutefois à contraindre les organismes financiers à réappliquer les taux révisables. Selon le commissaire européen Thierry Breton, le marché ne peut pas offrir indéfiniment des taux bas. Il a annoncé le 23 novembre dernier : […] Nous allons réadapter nos taux. Je comprends la direction dans laquelle elle (BCE) veut aller. Thierry Breton Le régulateur des banques sur le Vieux Continent a de son côté nié un tel projet. L’institution a affirmé ne pas prévoir d’obliger le recours aux taux révisables aux organismes prêteurs. Elle ajoute que les contrats de crédit découlent de marchandages entre une banque et l'emprunteur. Son rôle se limite à surveiller si les établissements financiers étudient et gèrent l’ensemble des risques, conclut la BCE. La Fédération bancaire française (FBF) émet pour sa part un tout autre avis. Révélant son opposition, elle indique que les autorités publiques jugent plus sûr pour les banques qu’elles concèdent : […] Des prêts à taux variables plutôt qu’à taux fixe, puisque le risque est alors porté par les emprunteurs. Parmi les banques françaises, seulement 5 % se servent pour le moment des TAEG révisables.