Le nombre de prêts immobiliers accordés par les banques françaises ont connu un recul notable au premier semestre 2022. L’envolée du taux d’intérêt en est la cause, mais elle est loin d’être le seul facteur de cette baisse. Le marché immobilier a aussi subi des mutations ces derniers mois selon les professionnels. Ces changements favorisent la clientèle aisée. Le marché de l’emprunt immobilier se ferme progressivement aux ménages modestes au fur et à mesure que le taux augmente. Cette hausse est pourtant prévue de se poursuivre et les banques peuvent passer au-delà de 2 % d’ici la fin de l’année. En raison de cette augmentation incessante, le nombre de crédits proposés a chuté. Cette baisse a également d’autres explications selon les spécialistes. Le marché immobilier aurait évolué différemment au cours des derniers mois, les offres s’adressent davantage aux clients aisés. L’exclusion des ménages modestes du marché immobilier fait baisser la production de prêts. La Banque de France réfute néanmoins cette idée. Les conditions d’octroi d’un prêt immobilier ont changé La liste des candidats à l’achat est composée de ménages ayant des revenus élevés, d’après les analystes. L’Observatoire Crédit Logement/CSA fait part d’ une hausse de 4,7 % du revenu moyen des acquéreurs de 2021 à 2022. La surface des logements achetés a aussi augmenté, entraînant une croissance du montant des emprunts qui a progresser de 10 %. Le prix des biens proposés à la vente connaît également une progression. Pour les professionnels, les conditions du marché immobilier donnent l’avantage à la clientèle fortunée. Il n’en est pas moins chez les établissements prêteurs. Le montant de l’apport personnel exigé des emprunteurs a crû de 17 % sur un an. L’existence du taux d’usure dans l’Hexagone augmente la pression exercée sur les banques. Il est jugé très bas par les courtiers dans un contexte où le taux du crédit immobilier ne cesse pas d’évoluer. La Banque de France ne partage pourtant pas cet avis. Elle soutient même que les crédits immobiliers accordés ont connu une hausse de 6,8 % en mai 2022. L’organisme parle d’un montant total de 27 milliards d’euros débloqués, un chiffre qui n’aurait jamais été réalisé depuis cinq ans. Les données communiquées s’opposent à celles des courtiers, et les analystes croient connaître l’origine de cette différence. Selon eux, les statistiques de la Banque de France reflètent les fonds débloqués trois ou quatre mois plus tôt. Les effets du taux d’usure ne seront cependant perceptibles qu’à partir du mois de septembre 2022. De plus, il est révisé tous les trois mois sur la base des taux appliqués lors du précédent trimestre. En un mot, les courtiers et la Banque de France analysent le marché dans des contextes différents. Une baisse de 15 % pour l’année 2022 Au deuxième trimestre 2022, l’Observatoire Crédit Logement/CSA note un taux moyen de 1,4 % sans l’assurance emprunteur. Il était à 1,12 % au cours du précédent trimestre. L’augmentation affecte tous les profils et toutes les durées. Le nombre de crédits accordés, lui, a reculé 12,5 % en un an, du mois d’avril à juin 2022. Celui des demandes de prêts a chuté de 9 % sur cette même période. Du point de vue du volume, un recul de 7,3 % a été enregistré au premier semestre de 2022. La diminution est de l’ordre de 5,6 % pour les six premiers mois de l’année en termes de valeur. L’augmentation de l’apport personnel exigé ne contribuerait pas à relever complétement le montant moyen des prêts. Ce fléchissement s’accompagne d’ailleurs d’ une baisse de l’indicateur de solvabilité selon les données de Crédit Logement. Sur l’année 2022, l’Observatoire prévoit un recul de 15 % pour la production de crédits immobiliers. Le taux d’intérêt reste néanmoins assez bas au vu du rythme de l’inflation. Les banques auraient même des résultats négatifs actuellement. L’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution indique néanmoins avoir pris les mesures nécessaires pour limiter les risques. Les prêts sont aujourd’hui accordés sur la base de la capacité financière de l’emprunteur, indique l’organisme. La majorité des demandes acceptées incluent par ailleurs des taux fixes. La caution et l’assurance fournissent une protection supplémentaire.