Le réchauffement climatique pourrait déstabiliser le marché de l’immobilier côtier en France dans les prochaines années. Près de 15 000 biens seraient en effet inondables d’ici 2050 et pourraient perdre leur valeur. La réalisation des objectifs de neutralité carbone fixés également pour la même échéance limiterait les risques pour ces propriétés. Encore faut-il que les projets se concrétisent. Les résultats de l’étude réalisée par le cabinet Callendar devraient intéresser les propriétaires des biens qui longent les côtes françaises. Ils montrent en effet les risques auxquels ils s’exposent dans les prochaines années. L’observation menée fait état d’une menace d’inondation ou même d’une submersion pour plus de 10 000 propriétés. Cela affecterait notamment les biens construits sur la côte Atlantique et l’embouchure de la Seine. Sans pour autant y échapper, les impacts seraient limités pour la côte méditerranéenne. Le cabinet suggère ainsi aux candidats à l’achat d’être vigilants. En effet, pour l’heure, aucun dispositif n’oblige le propriétaire à informer le nouvel acquéreur de ces risques. Des biens d’une valeur de 5 milliards d’euros Le Havre représente, selon les études réalisées, la zone où les dégâts pourraient prendre une ampleur des plus notables. Le cabinet évalue à plus d’un milliard d’euro le montant des biens inondables pour cette localité. Deauville, Caen et Bordeaux seraient aussi affectés, une partie des biens qui s’y trouvent pouvant être touchés. Il en va de même pour Bayonne et Arcachon bien que la part concernée soit moins importante. Selon le cabinet Callendar, la proportion des habitations qui seront prises par l’inondation diffère selon la région. Elle serait par exemple de 11,4 % pour Saintes-Maries-de-la-Mer, dans les Bouches-du-Rhône. Près de 15 000 ventes finalisées de mi-2016 à mi-2021 seraient en revanche menacées avant 2050. Leur valeur est estimée à 5 milliards d’euros. Le coût serait d’autant plus élevé en repoussant la date à 2100. Le chiffre augmente à 38 000 logements vendus qui seront affectés à cette échéance. Et ce, pour un montant de 12 milliards d’euros. Actuellement, aucune loi ne contraint les propriétaires à informer l’acquéreur des dommages pouvant se présenter dans le futur. Le cadre réglementaire change cependant à partir de 2023 avec la loi Climat et Résilience. Elle oblige le vendeur à renseigner les risques auxquels le bien est exposé dont ceux provoqués par le réchauffement climatique. Les informations fournies seront utiles pour réaliser la simulation prêt immobilier auprès des établissements de crédit. 5 % des logements sur le marché concernés Le cabinet Callendar a réalisé son étude à partir du scénario médian du GIEC publié dans son 5ème rapport. Il a ensuite évalué le niveau de montée de la mer qui pourrait en découler. Il s’est aussi appuyé sur les données d’altimétrie de l’GN (Institut national de l’information géographique) afin de déterminer les zones menacées. Les résultats montrent que certaines s’exposent à des inondations temporaires, d’autres à une submersion. L’étude s’est portée sur 16 000 transactions signées au cours des 5 dernières années. Elle indique que les bâtiments touchés équivalent au moins à 5 % du marché immobilier, répartis au sein de 78 communes. Ils pourront perdre leur valeur en conséquence. Trouver un acheteur s’avèrerait également difficile dans les années à venir. En attendant que cela se produise, le marché pourrait être impacté par la seule connaissance des risques par les propriétaires. Ils peuvent ainsi de surévaluer la valeur de leurs logements au moment de la revente. Le cabinet met toutefois l’accent sur l’intérêt de la concrétisation des objectifs de neutralité carbone à l’horizon 2050. Le respect des cadres fixés permettrait de maîtriser le réchauffement et ses répercussions. De plus, la chance de les réaliser serait plus élevée que l’apparition des inondations pour la même échéance.