Dans un contexte locatif tendu, de plus en plus d’étudiants se tournent vers la colocation. Un mode d’hébergement qui leur permet parfois de réaliser des économies, en plus de créer du lien social. Une aubaine pour les propriétaires. La rentrée est propice aux inquiétudes pour les étudiants. Il y a celles liées à la reprise des cours, mais aussi, pour certains, celles de trouver un logement. Un parcours semé d’embuches, car dans certaines villes, notamment dans la capitale, le marché locatif est particulièrement tendu. “La tension du marché est redevenue la plus élevée à Paris (à l’instar de la situation avant-crise sanitaire)”, estime Richard Horbette, le fondateur de LocService.fr, site immobilier spécialisé dans la location de particulier à particulier. L’une des raisons pour lesquelles les étudiants ont des difficultés pour trouver un toit, c’est qu’ils sont en concurrence avec certains jeunes actifs, qui demeurent locataires. En effet, ces derniers font face à des taux d’emprunt passés en un an et demi de 1%, à plus de 4% en moyenne sur 20 ans début septembre, selon le courtier Meilleurtaux. Des étudiants en quête de prix bas et de nouvelles rencontres Dans ce contexte, les étudiants sont de plus en plus nombreux à se tourner vers la colocation. Selon une récente étude de LocService.fr*, la part d’étudiants candidats à ce mode d’hébergement est de 58% en 2023, contre 52 % en 2019. Parmi leurs motivations à opter pour la colocation, c’est l’aspect social qui domine. En effet, 73% des interrogés plébiscitent la colocation pour rencontrer de nouvelles personnes, ou encore vivre en communauté (30 %). Pour 51% d’entre eux en revanche, c’est la volonté de réduire leur budget qui compte le plus. Et pour cause, cette année, la colocation confirme son statut de moyen le plus économique pour se loger. “Sur l’échantillon d’offres analysé par LocService.fr, le loyer moyen d’une chambre en colocation s’élève à 448 euros charges incluses au niveau national”, affirme l’étude. Alors que “pour un studio en location classique, il faut en moyenne débourser 547 euros, soit 22 % plus cher !”, ajoute-t-elle. Cependant, l’écart tend à se réduire : il était de 27 % l’année dernière. Un mode d’hébergement souvent plus rentable pour les propriétaires Parmi les villes de France où les étudiants ont le plus de chance de trouver une chambre en colocation, il y a Amiens. “On y compte presque 3 chambres pour une recherche de colocation”, constate l’étude. Ensuite, Saint-Etienne et Rouen complètent le podium, avec respectivement 0,41 et 0,47 demande pour une offre. En revanche, dans d’autres métropoles, la demande pour ce mode de logement est bien supérieure à l'offre : 9 demandes pour une chambre à Paris, et un ratio de 7 pour Rennes et Lille. L’attrait des jeunes en études supérieures pour la colocation fait les affaires des propriétaires. “Les loyers rapportent environ 20% de plus à surface égale, en comparaison à la location à un seul ménage” affirme Ivan Thiébault, data analyste chez LocService.fr. C’est même “encore plus intéressant sur des grandes surfaces”, ajoute-t-il. En effet, aménager plus de chambres permet de multiplier les loyers. Généralement plus rentable, la colocation a cependant quelques contraintes pour les propriétaires. Notamment la dégradation plus rapide du logement qu'avec un locataire unique, mais aussi le temps de gestion plus élevé, en raison de la rotation des colocataires. * Etude réalisée à partir des données issues de LocService.fr, à partir d’un échantillon d’environ 12 800 offres et demandes de colocation déposées sur le site sur les 12 derniers mois.