Sur un marché de la location sous haute tension, les bailleurs sociaux sont pénalisés par la pénurie de logements disponibles. Cette situation s’explique par l’érosion du nombre de nouvelles constructions, en particulier depuis la pandémie de Covid-19. De nombreux ménages se retrouvent ainsi privés d’accès à un logement décent et abordable. Et la situation devrait s’aggraver en 2024, en particulier pour le social. Un déséquilibre flagrant entre l’offre et la demande dans le parc social Selon l’Association des organismes de logement social d’Île-de-France (AORIF), L’offre de logements sociaux parvient à peine à couvrir 10 % des demandes. En effet, la fédération comptabilise Environ 780 000 candidatures chaque année, pour 70 000 places disponibles. Et la liste d’attente s’allonge constamment. Ainsi, le président de l’association, Damien Vanoverschelde, affirme avoir reçu 100 000 dossiers additionnels sur les 5 dernières années. Le secteur est particulièrement impacté par les difficultés croissantes d’accès à la location ou à la propriété dans la région, surtout pour les primo-accédants. La Fondation Abbé Pierre avance d’autres chiffres alarmants. Selon son chargé de mission Île-de-France, Jean-François le Neen, Un dixième de la population francilienne, soit 1,3 million de personnes, sont victimes du mal-logement. Jean-François le Neen Cette situation a des conséquences lourdes sur leur santé physique et mentale, leur vie sociale et leur insertion professionnelle. Une pénurie due à l’insuffisance de nouvelles constructions Les bailleurs sociaux attribuent la crise sur ce segment à l’ Incapacité des organismes du secteur à satisfaire des besoins qui ne cessent de croître, alors que la construction de nouveaux bâtiments a diminué de 40 % en 7 ans. Car leur nombre d’agréments est passé de 36 000 à 21 800 entre 2016 et 2022. Cette année, l’AORIF anticipe des baisses supplémentaires, avec seulement 17 000 à 19 000 nouveaux logements. L’Île-de-France accuse un net retard par rapport à son objectif annuel de 37 000 constructions. Important À l’instar des promoteurs immobiliers, les bailleurs sociaux sont impactés par le ralentissement de la délivrance des permis de construire ces derniers mois, sans compter la faiblesse de l’offre dans le neuf. Ce dernier facteur est associé à la cherté du foncier, conséquence du manque de terrains constructibles dans la région, et de la flambée des coûts des matériaux de construction depuis la crise sanitaire. Des pistes de solutions pour venir à bout de la crise Afin de fluidifier le marché francilien, les professionnels du logement social proposent un plan d’action comportant 20 mesures : Le retour de la TVA à 5,5 % au lieu de 10 % sur les prix de livraison de ces habitations. La possibilité d’acquérir des passoires thermiques, bientôt interdites à la location, à des prix attractifs. Une réforme des règles fiscales relatives aux terrains constructibles afin d’empêcher la rétention foncière à visée spéculative. La prolongation de la non-imposition des plus-values immobilières sur les ventes d’un terrain à un organisme de logement social. D’après, Anne-Katrin le Doeuff, la directrice de l’AORIF, Ces préconisations ciblent les décideurs aux niveaux local et national, ainsi que les parlementaires, dans l’espoir qu’ils les portent dans le débat public. Anne-Katrin le Doeuff À retenir La crise du logement affecte gravement le parc social en raison de la pénurie de logements. Cette situation prive de nombreux ménages d'un logement décent et abordable, qui risque de s’aggraver en 2024. Cette pénurie résulte principalement d’une baisse des nouvelles constructions, avec une chute significative de 40 % en 7 ans.