Alors que le recul du marché immobilier français s’intensifie, la moitié des vendeurs s’entêtent à réclamer des prix élevés. C’est ce que révèle une récente étude menée auprès des agents indépendants. Pourtant, dans un contexte de forte tension, la majorité de ces vendeurs peinent eux-mêmes à concrétiser leur projet d’achat d’un bien. Réticences des vendeurs à lâcher du lest sur les prix Lors de l’édition de juin du baromètre de l’agence de webmarketing La Boîte immo, la moitié des agents immobiliers indépendants déploraient les réticences des vendeurs à faire des concessions sur les prix. Pourtant, en avril, 43 % d’entre eux jugeaient ces derniers disposés à revoir leurs ambitions à la baisse. Mais aujourd’hui, 50 % des vendeurs refusent de faire un effort, aggravant la pénurie de biens disponibles. Conséquence, selon 90 % des agents indépendants interrogés, le marché se grippe. 87 % des vendeurs, eux-mêmes en quête active d’un bien à acheter, sont bloqués dans leur projet. Allongement des délais de vente, mais stabilité des marges de négociation Ce phénomène empêche une baisse plus marquée des prix et allonge les délais de vente. Selon l’étude, il faut désormais compter plus de 90 jours pour la conclusion d’une transaction, soit un mois supplémentaire entre le deuxième et le troisième trimestre 2023. Dans plusieurs grandes villes comme Toulouse, Lyon, Montpellier et Nantes, la moyenne est supérieure à 100 jours. Ces facteurs retardent une régulation du marché. L’observatoire note une diminution de 4 % du volume de transactions à l’échelle nationale sur la période juin-septembre 2023 par rapport au trimestre précédent. Les primo-accédants sont les principales victimes, en raison de la remontée des taux d’emprunt et de l’inflation. ImportantDans cette conjoncture peu favorable, la marge de négociation au troisième trimestre reste stable à 5 % sur l’ensemble du territoire. Pour rappel, il s’agit de la différence entre le prix de vente initial et le montant effectif de la transaction. Seule l’Auvergne–Rhône-Alpes fait figure d’exception, avec une marge en hausse de 0,58 point de pourcentage d’un trimestre à l’autre, pour s’établir à 4,6 % à l’automne. Contractions de la demande et négociations durcies pour les passoires thermiques Les propriétaires de passoires thermiques sont également pénalisés. D’après les auteurs de l’enquête, le temps nécessaire pour boucler une vente à partir de la signature du compromis est nettement supérieure à celui constaté pour les autres typologies de biens. La moyenne est estimée à 97 jours pour les logements les moins vertueux sur le plan énergétique, classés F et G sur une échelle allant de A à G. Au trimestre précédent, ce délai n’était que de 42 jours. Faute de prix suffisamment attractifs, et alors que les indispensables travaux de rénovation à réaliser sont toujours plus coûteux, la demande pour ces actifs mal notés se contracte, constatent 57 % des agents. ImportantAinsi, la marge de négociation moyenne pour les biens très énergivores grimpe à 7,4 % au niveau national. Des agents plus sélectifs dans le choix des mandats Sur ce marché extrêmement tendu, les agents immobiliers indépendants se montrent plus sélectifs dans l’acceptation de nouveaux mandats. 56 % des sondés déclarent prêter une attention accrue aux caractéristiques du bien à céder et sur le prix ciblé avant de prendre une décision. Ces professionnels cherchent à accélérer l’ajustement du marché. Aussi, certains n’hésitent pas à refuser un mandat lorsque le vendeur applique un prix jugé excessif, et ce en dépit d’une dégradation marquée de leurs revenus au troisième trimestre. Selon le baromètre, les agents exerçant en région parisienne, notamment dans les Hauts-de-Seine et le Val-de-Marne, sont les plus exigeants. A retenir Les vendeurs sont réticents à baisser leurs prix, malgré le ralentissement du marché immobilier. Les prix toujours élevés allongent les délais de vente et diminuent le volume de transactions. Les marges de négociation restent stables, sauf pour les passoires thermiques, dont la demande recule. Les agents immobiliers sont plus sélectifs dans l’acceptation de nouveaux mandats.