Pour la première fois depuis presque deux ans, les taux immobiliers des prêts conclus pour 15 et 20 ans se stabilisent, selon certains courtiers. Le signe d’une future baisse des taux d’emprunt ? La fin de la hausse des taux est-elle enfin d’actualité ? S’il est encore trop tôt pour se prononcer sur les mois à venir, les premiers barèmes des banques reçus pour novembre laissent entrevoir un espoir pour les emprunteurs. En effet, pour la première fois depuis presque deux ans, les taux immobiliers pratiqués par les banques commencent à se stabiliser. « Ça faisait longtemps que nous n’avions pas vu ça », admet Maël Bernier, la porte-parole de Meilleurtaux. « Un point de bascule » Selon le courtier, au 1er novembre, les taux de crédit s’élèvent en moyenne à 4,25% sur 15 ans, 4,35% sur 20 ans et 4,50% sur 25 ans. Alors certes, pour les prêts les plus longs, c’est plus que le taux moyen relevé le mois dernier, puisqu’il s’élevait à 4,45%. En revanche, sur 15 et 20 ans, les taux n’ont pas bougé. « Nous sommes à un point de bascule, analyse Maël Bernier. Je pense qu’on est à un palier avec des taux autour de 4,5% sur vingt ans et plus ». Un diagnostic partagé par l’économiste Michel Mouillart. « On ne franchira pas le seuil des 5 %, soyons clairs, on ne le franchira même jamais », déclarait-il lors de la présentation du dernier observatoire Crédit Logement il y a deux semaines. Des banques plus ouvertes à prêter C’est vrai qu’il est difficile d’envisager un scénario contraire. Car pour rappel, le 26 octobre, la Banque centrale européenne (BCE) a annoncé qu’elle ne relèverait pas le niveau de ses taux directeurs. Après dix hausses consécutives, l’institution monétaire a en effet mis le pied sur le frein, car l’inflation montre enfin des signes de ralentissement dans la zone euro. En octobre, les prix n’ont augmenté que de 2,9% sur un an, contre 4,3% le mois dernier. Une baisse de l’inflation qui se fait également sentir dans l’Hexagone, bien que plus modeste. Selon l’Insee, la hausse des prix a ralenti à 4% au mois d’octobre, contre 4,9% en septembre. Le maintien des taux directeurs de la BCE à 4% va avoir un impact direct sur le comportement des banques sur le marché du crédit. Elles devraient en effet se montrer plus ouvertes à prêter, car le coût de l’argent qu’elles empruntent pour financer les crédits des particuliers va cesser d’augmenter. Il semblerait que ce soit même déjà le cas. « Elles étaient jusqu’ici centrées sur les meilleurs profils mais commencent à prendre les dossiers de clients lambda », remarque Maël Bernier. Après la stabilisation des taux, un recul ? La réouverture du marché et la stabilisation des taux sont-elles parties pour durer ? Difficile de se prononcer aujourd’hui, car la situation est pour le moins imprévisible. En effet, la BCE n’a pas exclu une potentielle hausse de ses taux directeurs à nouveau, si la situation économique et géopolitique l’exige. Le fait d’avoir choisi le statu quo « ne signifie pas que nous ne procèderons plus jamais à un relèvement (...) Nous devons êtes sûrs qu’il y a une bonne transmission de notre politique à tous les pays de la zone euro », a expliqué Christine Lagarde, la présidente de la BCE, dans sa conférence de presse du 26 octobre. Pour autant, Michel Mouillart s’avère optimiste pour l’avenir. En 2024, « nous allons vers un recul des taux d’emprunt avec un taux moyen sur vingt ans et plus de 3,5%. Après, si tout va bien, nous descendrons progressivement avec un moyen de 2,75% en 2025, donc en fin d’année un taux entre 2,25 et 2,5% », explique-t-il au Parisien.