Face à des taux de crédit immobilier qui s'envolent, et en raison d’une inflation galopante, la solvabilité des ménages français diminue. Avec pour conséquences, une production de nouveaux crédits qui s’écroule sur un an. Les difficultés budgétaires s’accumulent sur les ménages français. Déjà fragilisés par l’inflation qui a encore augmenté de 5,7% en mars sur un an, selon l’Institut national de la statistique et des études économiques (Insee), ceux-ci voient aussi les taux de crédit immobilier s’envoler. Des taux de crédit à plus de 3% et une production en chute libre En effet, selon l'Observatoire CSA/Crédit logement, le taux moyen a franchi la barre des 3% en mars, et culmine même à 3,65% pour certains emprunts sur 25 ans. Si bien qu’en un an, les taux de crédit immobilier ont été multipliés par près de trois. Pour certains courtiers, ces taux devraient même franchir les 4 % dès cet été, soit “un niveau jamais vu depuis la fin 2008”, soulignent les Echos. Une année qui a décidément bien des points communs avec l’année 2023. Car sur le plan de la production de crédits, le constat est le même : la chute est “plus prononcée que celle observée durant l’automne 2008”, remarque l'Observatoire. Selon ses chiffres, le nombre de prêts accordés a reculé de 31.9 % sur un an. Un coût de refinancement des banques qui s’accroît Résultat, d’après les chiffres publiés le 9 mai par la Banque de France, la production de nouveaux crédits est passée de 24,8 milliards d'euros en mars 2022, à 14,4 milliards d'euros un an plus tard. D'après l’Observatoire, cette évolution est la “conséquence directe de la politique de resserrement monétaire de la Banque centrale européenne (BCE) entamée il y a près d'un an pour combattre l'inflation”. Et l’institution ne s’est pas arrêtée là, puisqu'encore la semaine dernière, elle relevait ses taux directeurs de 0,25 point de base. Avec pour conséquence, un coût de refinancement des banques qui s’accroît. Dans ce contexte, “le coût de la ressource est trop élevé et elles ne gagnent plus d'argent sur le crédit immobilier”, explique à MoneyVox, Maël Bernier, porte-parole du courtier Meilleurtaux. Bercy ouvert à un assouplissement des règles d'octroi des crédits Ainsi, les portes du crédit immobilier se referment peu à peu pour les ménages. Et ce, malgré le passage d’une révision trimestrielle à une révision mensuelle du taux d’usure depuis le 1er février. Pour rappel, ce taux plafond au-delà duquel les banques ne sont pas autorisées à prêter, est passé au 1er mai à 4,52% pour les prêts les plus longs, et 4,33% pour les prêts entre 10 et 20 ans. Si cette mesure n’a pas suffi à faire rebondir la production de crédits immobiliers, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire, s’estime conscient des difficultés croissantes que connaissent de nombreux Français pour accéder au crédit. Ainsi, il a récemment annoncé laisser la porte ouverte pour évoquer avec François Villeroy de Galhau, le gouverneur de la Banque de France, un possible assouplissement des règles entourant le marché du crédit immobilier. Pas sûr, toutefois, que le Gouverneur ne change de sitôt les critères d'octroi de crédit, fixés par le Haut conseil de stabilité financière (HCSF). “Ce serait le plus mauvais moment pour le faire, alors que l’endettement des ménages français, à 66 % du PIB, est déjà supérieur au reste de la zone euro et à tous nos grands voisins”, a rappelé l’institution financière dans un communiqué.