Alors que les taux de crédit devraient franchir le seuil des 4% en septembre, les prix de biens sur le marché immobilier ne baissent pas dans les mêmes proportions. De quoi reporter son projet d’achat à plus tard ? La hausse des taux continue son ascension fulgurante. Une chanson désormais bien connue des candidats à l’achat, puisque cette hausse, qui s’est initiée dès mars 2022, ne s’est jamais interrompue. A cette époque, comme lors des quatre dernières années, les taux d’emprunt s’élevaient aux alentours de 1%. Désormais, sur les offres éditées au cours du mois de juin, toutes durées confondues, le taux moyen pour emprunter s’élève à 3,45%. En cause, la guerre en Ukraine et la crise énergétique, qui ont entrainé une reprise rapide de l’inflation... que la Banque centrale européenne (BCE) a tenté d’enrayer en relevant ses taux directeurs. Avec, pour conséquence, des banques qui se sont mises à répercuter la hausse du coût de l’argent sur leurs clients, en augmentant les taux de crédit proposés dans leurs offres. Des taux à 4% étaient jadis la norme Malgré quelques signes de ralentissement, avec des taux qui progressent à un rythme moins soutenu, les emprunteurs ne sont pas prêts de sortir la tête de l’eau. « La hausse n’est pas terminée, nous attendons 4% pour la rentrée », estime Maël Bernier, la porte-parole de Meilleurtaux. Dans l’hypothèse où ces taux franchissent cette barre, ils n’ont toutefois rien d’extraordinaire. Puisqu’hormis les dix dernières années, qui se caractérisent par des taux exceptionnellement bas, les emprunteurs étaient auparavant habitués à des taux supérieurs ou égaux à 4%. En effet, “il faut par exemple remonter à 2009 pour avoir des taux à 4%”, selon le site d’information MoneyVox. Et en 2008, le taux moyen d’un crédit immobilier s’élevait même à 5,18%, jusqu’à atteindre 6,44% en 2000. Si l’on remonte dans les années 90, on constate même des taux autour des 8% ou 9%, selon le média. Des baisses de prix qui ne compensent pas la hausse des taux De quoi relativiser les taux à 4% attendus en septembre ? Pas tout à fait. « La situation est plus difficile aujourd'hui pour les emprunteurs, puisqu'à l'époque les prix étaient plus bas, analyse Maël Bernier. Les emprunteurs sont moins bien lotis aujourd'hui qu'il y a 10 ans ». Pour preuve, si l’on observe les prix moyens par m2 des biens dans l’ancien dévoilés par les Notaires de France et Meilleurs Agents, on constate qu’entre 2012 et 2023, ces prix ont progressé de 13,13% à Lille, et jusqu’à +73,14% à Bordeaux. Dans la capitale, alors qu’il fallait débourser 8 400 euros par m2 il y a 10 ans, ce prix s’élève désormais à 10 660 euros/m2 en 2023, soit une hausse de 26,9%. Par ailleurs, alors qu’en seulement un an et demi, les taux ont plus que triplé, les prix des logements ne devraient pas suffisamment baisser en proportion. « On peut faire le pari que les biens vont baisser un peu, mais sans doute pas de 20%, donc cela ne compensera pas la hausse de taux », estime la porte-parole de Meilleurtaux. Emprunter aujourd'hui quitte à “renégocier son taux de crédit dans le futur” Dans ces conditions, la capacité d’emprunt des ménages se retrouve fortement altérée. Selon le courtier, si les taux franchissent la barre des 4% à la rentrée, et que les prix ne décroissent pas, les ménages français auront perdu entre 50 000 et 60 000 euros de capacité d’emprunt en moyenne, depuis janvier 2022. Toutefois, « il vaut mieux emprunter aujourd'hui, si l'on est capable de financer son projet. Il sera toujours temps de renégocier son taux de crédit dans le futur si ces derniers rebaissent », considère Maël Bernier.