Alors que les taux frôlent les 4% pour les prêts les plus longs, les ménages aux revenus modestes, ou dotés d’un faible apport personnel, doivent renoncer à leurs projets. Les emprunteurs d’aujourd’hui ont donc des revenus de plus en plus conséquents. Cet été, les taux de crédit immobilier continuent de flamber. Selon le dernier Observatoire Crédit Logement/CSA, le taux moyen, toutes durées confondues, s'est établi à 3,61% en juillet, contre 3,45% en juin. Dans le détail, ils atteignent 3,89% pour les prêts les plus longs, 3,73% pour les prêts conclus sur 20 ans et 3,52% pour les prêts sur 15 ans. Des taux de crédit qui pourraient atteindre 4,5% d’ici fin 2023 Cette hausse des taux n’est d’ailleurs pas prête de s’achever. D'une part, car le taux d’usure, taux maximum « tout compris » au-dessus duquel une banque ne peut pas prêter, atteint des sommets. Révisé mensuellement depuis le 1er février, il a dépassé la barre des 5% pour les prêts de 20 ans et plus en juillet, et il s’élevait même à 5,33% au 1er août pour les prêts d’une durée de 25 ans. D’autre part, car la Banque Centrale Européenne (BCE) ne cesse de relever ses taux directeurs, afin d’enrayer l’inflation. Ce qui augmente le coût de l’argent pour les banques, qui font monter les taux de crédit qu’elles proposent à leurs clients. Dans ce contexte, certains courtiers estiment que d’ici la fin décembre 2023, les taux des crédits immobiliers pourraient ainsi atteindre 4,5%, et même 5% début 2024. Une baisse du « coût relatif » de l'achat immobilier Une telle flambée des taux pourrait laisser penser que le coût de l'acquisition d'un logement (coût du crédit immobilier inclus), au regard des revenus des emprunteurs, augmente. Pour autant, il n’en est rien : « le coût des opérations réalisées recule depuis début 2023, après les tensions des dernières années », révèle l'Observatoire Crédit Logement-CSA. Si ce « coût relatif » baisse en 2023, ce n’est pas parce que le coût du crédit immobilier diminue, ce dernier étant donc plutôt en augmentation. Mais c’est plutôt parce que « les revenus des emprunteurs s’élèvent à un rythme plus rapide qu’auparavant (+6,8% pour les 7 premiers mois de l’année, en glissement annuel contre +4,4% en 2022) », souligne l’Observatoire. Dans le détail, “les salaires et autres revenus d'activité des ménages parvenant à emprunter pour acheter dans le neuf grimpent de 7,6% sur les 7 premiers mois de l'année. Et de quasi 8% pour acquérir une maison ou un appartement dans l'ancien”, indique le site d’information MoneyVox. Des emprunteurs de plus en plus riches De fait, l’accès au marché devient de plus en plus difficile pour les emprunteurs modestes, contraints d’abandonner leur rêve de devenir propriétaires. Ou de revoir leurs exigences à la baisse, en faisant des concessions sur plusieurs aspects, telles que la localisation du logement convoité ou la surface du bien. Par ailleurs, la situation est encore plus compliquée pour les emprunteurs faiblement dotés en apport personnel. Puisqu’en effet, les taux atteignaient en moyenne 4,32% en juillet pour ces derniers, selon l’Observatoire. Voire « 4,50% pour une petite partie d'entre eux », ajoute-t-il. Enfin, la remontée des taux d’intérêt affecte même certains ménages plus aisés, eu égard aux prix pratiqués dans bon nombre de grandes agglomérations, qui ne baissent que sensiblement jusqu’à présent.