Les outils digitaux ont révolutionné plusieurs industries, dont l’immobilier. Aujourd’hui, des plateformes numériques appelées les « iBuyers » proposent aux vendeurs d’un bien d’acheter ce dernier en 48 heures, et de leur trouver un repreneur le plus rapidement possible. Toutefois, la particularité du marché de la pierre en France risque de compliquer le développement de ces start-ups. Une offre d’achat en seulement 48 heures pour des biens en bon état Important Depuis 2017, l’Hexagone compte quelques iBuyers qui proposent aux propriétaires la conclusion de la vente de leur maison ou appartement en seulement 48 heures. Pour permettre un délai aussi réduit, ces derniers n’ont qu’à remplir un formulaire en ligne et un outil est disponible pour les aider à déterminer le bon prix d’achat. Un professionnel se déplace ensuite pour une évaluation de visu et en 48 heures, une offre est soumise au vendeur. Homeloop et Dili, deux acteurs du marché tricolore, facturent entre 7 % et 12 % du prix d’achat pour leur intermédiation. Bien que la commission des agences immobilières traditionnelles soit inférieure (4,9 % environ), lorsque l’on y ajoute les 4 % de marge moyenne de négociation des potentiels acquéreurs, le montant espéré est grevé de près de 9 % dans le processus classique. Si le concept n’est pas révolutionnaire en soi, les iBuyers se distinguent des marchands de biens concernant le choix des propriétés. En effet, à l’inverse de ces derniers, ils ne privilégient pas les immeubles sinistrés à réhabiliter, mais des logements en bon état ou nécessitant une petite remise à neuf s’adressant à tous types de publics, y compris les primo accédants. Les freins à l’essor des iBuyers Bien que le délai jusqu’à l’émission de l’offre d’achat soit moindre, la durée totale de la démarche jusqu’à la conclusion de la cession reste longue en France par rapport aux États-Unis, notamment à cause de l’intervention du notaire. Ainsi, avec un iBuyer, un mois est nécessaire dans la capitale et le double dans les villes où un droit de préemption est accordé à la collectivité, contre 10 à 60 jours outre-Atlantique. En comparaison, une transaction classique requiert entre 40 et 50 jours pour les Américains, et de 7 à 10 mois pour les Français, d’après le directeur général du groupe auquel appartient Dili. Par ailleurs, seulement 60 % des transactions passent par un agent immobilier dans l’Hexagone, contre 90 % aux États-Unis, les vendeurs restent donc peu enclins à payer une commission. Les probabilités de démocratisation du modèle en France sont par conséquent limitées. Enfin, ces professionnels ont intérêt à n’opérer que dans les zones à forte demande afin de maximiser leurs chances de revendre très rapidement la maison ou l’appartement et optimiser ainsi leurs besoins en liquidités. Cette contrainte explique que Paris ait été le point de départ pour toutes, mais une extension dans d’autres métropoles est désormais prévue. Pour l’heure, Vendez-votre-maison a réussi en 11 années d’activité à acheter environ 600 biens et en a revendu 1 600, et table sur 350 dossiers en 2019. Homeloop revendique pour sa part une centaine d’acquisitions une soixantaine de reventes avec un objectif de 50 à 100 dossiers et 20 millions d’euros de volumes d’affaires cette année. Enfin, Dili entend continuer à profiter de son appartenance à un groupe englobant les réseaux CapiFrance et OptimHome, où les biens sont remis en vente.