Elle est bel et bien finie l’époque où la mixité sociale était la norme dans les quartiers de la capitale, où les classes sociales aisées privilégiaient les premiers étages des immeubles tandis que les plus pauvres s’amassaient sous les toits. Depuis des décennies, les inégalités sociales se creusent géographiquement sur tout le territoire de l’Ile-de-France. Et le phénomène s’est accentué depuis les années 2000 selon une récente étude de l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme. Paris s’éloigne de plus en plus de sa banlieue Entre la capitale et sa banlieue, le désamour ne cesse de se consumer selon une récente étude publiée par l’Institut d’Aménagement et d’Urbanisme. Intitulée « Gentrification et paupérisation au cœur de l’Ile-de-France », elle dresse les évolutions sociales sur la région entre 2001 et 2015, et le bilan est sans appel. Important Alors que l’Ile-de-France comptabilise 12 millions d’habitants et représente 1/5e de la population française, sa richesse a augmenté bien plus que la moyenne nationale. Pour autant, tous les résidents de la région ne font pas partie des citoyens les plus riches. Au contraire, les disparités se sont accrues et les espaces de mixité sociale se comptent désormais sur les doigts d’une main. De plus en plus de riches et de pauvres Si la richesse a considérablement augmenté en Ile-de-France entre 2001 et 2015, la pauvreté n’a également cessé de s’accentuer. Le taux de pauvreté est passé d’environ 12% en 2006 à 15,9% en 2015. Et la capitale et sa banlieue comptent même plus de pauvres que dans le reste du territoire national ! En parallèle, les cadres et les ménages aisés se retrouvent aussi, dans certaines zones en particuliers. En effet, ces derniers se concentrent dans 26 communes en Ile-de-France, dont 17 arrondissements parisiens. La forte densité des sièges sociaux et l’agglomération des fonctions de commandements au cœur de la capitale sont notamment responsables de la condensation de ces populations en Ile-de-France, et à Paris en particulier. En conséquence, on distingue dans toute la région des quartiers dédiés aux personnes aisées, et des zones consacrées aux classes sociales modestes. Et depuis la crise de 2008, les espaces socialement mixtes disparaissent de plus en plus, car certains ménages sont davantage exposés aux revirements économiques et témoignent de nombreuses difficultés. La gentrification, un phénomène observé, mais exceptionnel L’IAU rappelle qu’entre 2001 et 2015, les propriétaires franciliens se sont enrichis, notamment grâce à l’envolée des prix des logements. Ces derniers ont triplé dans l’ancien entre 1999 et 2018. Si les classes aisées se sont encore enrichies grâce à la conjoncture immobilière, certains résidents de banlieue parisienne ont également profité de cette aubaine. C’est le cas tout particulièrement dans certaines communes qui connaissent un véritable embourgeoisement, et où la situation globale des habitants s’est considérablement améliorée sur les 20 dernières années. Alfortville, Clichy, Saint-Ouen, plusieurs villes ont vu leur niveau de vie s’accroitre ces dernières années, grâce à l’arrivée de certaines entreprises ou au phénomène du Grand Paris. La part de cadres augmente dans ces communes, qui s’embourgeoisent progressivement et deviennent les derniers espaces mixtes de la région. Ainsi, si les inégalités sociales se creusent de plus en plus autour de la capitale, la richesse se diffuse également dans les territoires limitrophes et redresse certaines communes. Mais d’autres poursuivent leur trajectoire de paupérisation, souvent héritée du passée, autour des anciennes zones industrielles et ouvrières.