Comme la plupart des grandes villes françaises, Paris a connu une envolée des prix immobiliers. Dans plusieurs arrondissements, le mètre carré coûte désormais plus de 10 000 euros. Pour les familles des classes moyennes, le logement est devenu trop cher, ce qui les pousse vers la banlieue, voire vers la province, le TGV facilitant la liaison avec la capitale. La barre des 10 000 euros par mètre carré franchie à Paris D’après l’Observatoire des loyers de l’agglomération parisienne (OLAP), l’an dernier, les loyers parisiens ont enregistré une progression de 1,4 %, voire 3 % en cas de changement de locataire, un record par rapport aux années précédentes . OLAP Pour les acheteurs aussi, les biens sont plus chers. En un an, le prix du mètre carré a augmenté de 6,4 %, pour s’établir à environ 9 680 euros. Mais dans les quartiers les plus prisés, il a déjà franchi la barre des 10 000 euros. Même les quartiers populaires comme le Xe et le XIXe, ainsi que la petite couronne, sont touchés par la hausse des prix. Une population parisienne aux profils très contrastés Dans ce contexte, les ménages aisés, essentiellement des salariés-cadres, sont de plus en plus nombreux à s’installer dans les biens anciens à Paris. Sur la période 2001-2015, leur part sur l’ensemble des habitants a crû de 2 à 3 points dans les Ie, IVe, XVIIe arrondissements, et jusqu’à 5 points dans les IIe et IIIe arrondissements. Les ménages très riches investissent quant à eux les VIIe et VIIIe arrondissements, et même le populaire XVIIIe. En parallèle, les profils très pauvres affluent dans les logements sociaux. Mais même si la ville annonce une hausse de 7 points de pourcentage de son parc à 20 %, la demande est forte, principalement de Parisiens qui ne peuvent plus se payer un logement « classique ». Nombre d’entre eux finiront d’ailleurs par renoncer à habiter intra-muros malgré les taux de prêts attractifs négociés par les courtiers et les aides à l’accession à la propriété. Éloignement progressif des ménages des classes moyennes En revanche, avec un tel niveau de prix, vivre à Paris devient un luxe que de plus en plus de ménages appartenant à la classe moyenne ne peuvent plus se permettre. C’est le cas des indépendants, dont les revenus instables refroidissent les bailleurs, même si ces personnes font partie de la fourchette haute telle que définie par l’Insee, avec un revenu mensuel disponible compris entre 1 350 euros et 2 487 euros. Seuls ceux qui présentent des garanties solides ont des chances. Les familles monoparentales peinent également à trouver un logement abordable au cœur de la ville. Les agences immobilières exigent en effet un revenu correspondant au minimum au triple du montant du loyer. Quant à ceux qui signent un bail directement avec un particulier, leur reste à vivre diminue sensiblement. De plus, obtenir un logement social peut prendre des mois, voire des années. D’ailleurs, avec une majorité de studios et de deux-pièces, l’offre ne répond pas aux besoins des familles des classes moyennes. Résultat, elles désertent le centre de la capitale, entraînant la fermeture d’écoles. Les conséquences des problèmes de logements pour la métropole Fait grave inconnu en province, de nombreux actifs au rôle essentiel pour la métropole (enseignants, forces de l’ordre, personnel soignant) doivent s’éloigner de la capitale. De plus, avec le succès des plateformes de location privée à destination des touristes, 20 000 logements ont été retirés du marché locatif traditionnel. Et alors que l’offre est faible et que la ville est saturée, empêchant de nouvelles constructions, on recense quelque 100 000 logements vacants, auxquels s’ajoutent autant de résidences secondaires. Pour les professionnels du secteur, la réquisition des immeubles vides par la préfecture serait une solution efficace. Ils espèrent également un impact positif du retour de l’encadrement des loyers, sous réserve que les bailleurs acceptent des profils de locataires autres que ceux aux revenus les plus élevés.