Pendant quelques années, jusqu’en octobre 2020, les taux d’intérêt des prêts à l’habitat étaient descendus à des seuils historiques, autour de 1 % sur toutes les durées. Mais depuis début 2022, la course s’inverse et la remontée est rapide. D’ici la fin de l’année, la moyenne pourrait grimper à 4 %, affectant l’accès au crédit et la capacité d’achat des ménages. Toutes les conditions entraînant une hausse des taux immobiliers sont réunies D’après les courtiers, Les taux des crédits immobiliers poursuivent leur progression. En juillet, les financements sur 15 ans se négociaient à 3,75 %, contre 1,15 % il y a trois ans. Pour les prêts sur 20 ans et 25 ans, les intérêts atteignent 3,90 % et 4,2 % respectivement, très loin des 1,35 % proposés en octobre 2020. Important Le mouvement est dû à l’augmentation des trois principaux facteurs qui déterminent les conditions de prêt : l’inflation, les taux directeurs de la BCE, et ceux des taux obligataires sur 10 ans, utilisés comme référence par les banques pour fixer les taux des crédits à l’habitat. Sous leur effet conjugué, les barèmes de ces dernières devraient rester sur une tendance haussière au cours des prochains mois. Il faut également compter avec le taux d’usure, initialement instauré pour protéger les emprunteurs d’éventuelles pratiques usurières. Défini par la Banque de France, il correspond aux TAEG (taux d’intérêt annuel effectif global) maximum légal que les banques peuvent appliquer lorsqu’elles accordent un prêt immobilier. Face à la hausse accélérée des taux, l’institution a décidé de modifier temporairement les règles de détermination du taux de l’usure. Au lieu de trimestrielle, la révision est désormais mensuelle, afin de tenir compte plus rapidement de l’évolution des moyennes pratiquées par les établissements prêteurs sur le trimestre écoulé. Résultat, ce plafond légal a augmenté à 5 % pour les crédits de plus de 20 ans. Ce changement est censé donner davantage de marge de manœuvre aux banques pour financer les projets immobiliers des Français. Seulement, il leur permet également de relever leurs propres taux d’emprunt. Baisse de la production et de la capacité d’achat des ménages En plus de la remontée brutale des taux immobiliers, les conditions de financement des banques imposées par le Haut Conseil de Stabilité Financière sont particulièrement sévères. Le plafond d’endettement est fixé à 33 % et la durée de prêt ne peut dépasser 25 ans. Il en résulte Une chute de 20,5 % du nombre de dossiers d’emprunts validés entre 2021 et 2022, D’après les données de l’observatoire CSA/Crédit Logement. Et la situation n’est pas près de s’améliorer. Important Au deuxième trimestre 2023, le nombre de crédits consentis accuse une baisse de l’ordre de 52 % sur un an. L’observatoire pointe du doigt le risque d’exclusion du marché des jeunes et des ménages les moins aisés. En termes de superficie finançable, l’étude montre que Les Français ont perdu 4,5 mètres carrés de capacité d’achat l’an dernier, après avoir gagné 7,8 mètres carrés sur la période 2012-2022. À retenir Les taux des crédits immobiliers poursuivent leur hausse et pourraient atteindre 5 % d’ici la fin de l’année. Leur nette remontée est due à l’inflation et à l’augmentation des taux directeurs de la BCE et des taux obligataires sur 10 ans. Pour débloquer la production de crédit, la Banque de France a ajusté les règles du taux d’usure avec une révision mensuelle. Avec les conditions strictes imposées par le HCSF, les ménages ont subi une forte perte de leur capacité d’achat.