Bien que de nouveau ouvertes depuis le 11 mai, les agents immobiliers n’anticipent pas de reprise rapide de l’activité sur le marché immobilier. En premier lieu, le risque sanitaire dissuade les visites physiques. Mais surtout, l’incertitude quant à leur situation financière et le resserrement des conditions d’octroi de crédits à l’habitat freinent les projets de nombreux Français. Pessimisme des agents immobiliers concernant la reprise du marché Important Les professionnels de l’immobilier ne sont pas optimistes quant aux capacités de rebond du marché. 53 % des agences interrogées par le spécialiste des avis clients Opinion System expriment de sérieux doutes en la matière. Le pourcentage de sceptiques est plus élevé du côté des indépendants (61 %) que des franchisés et affiliés (46 %). Ils évoquent notamment les réticences des vendeurs à recevoir de potentiels clients chez eux pour des visites, même si tous s’engagent à respecter les gestes barrières. Or, malgré un tour du propriétaire virtuel, il est rare qu’une transaction soit conclue sans au moins une visite physique des lieux, pour constater de visu ses points forts, s’y projet, évaluer les éventuels travaux à prévoir, etc. Durcissement des conditions d’octroi de crédits immobiliers Important Autre frein pour les candidats à l’accession à la propriété : les taux d’intérêt des crédits immobiliers commencent à remonter. Bien que les conditions restent globalement attractives, pour les ménages dont les revenus ont baissé durant la crise, un endettement peut être plus difficilement envisageable. Par ailleurs, les banques se montrent plus exigeantes concernant les garanties, par crainte des défauts de remboursement. Seuls les porteurs de dossiers très solides sont assurés de décrocher le financement sollicité. Avant la pandémie du Covid-19, les recommandations du HCSF avaient déjà impacté la production de prêts logement. Pour rappel, afin de protéger les banques, cette autorité préconise l’application stricte du plafond d’endettement de 33 % et l’arrêt des emprunts de plus de 25 ans. Incertitude concernant la baisse des prix des biens Dernier point, et non des moindres : le flou demeure concernant la baisse des prix de l’immobilier espérée par les futurs accédants. Les notaires misent sur un repli de l’ordre de 10 à 15 %, mais d’autres experts anticipent une chute plus marquée. Même si celle-ci atteignait -30 %, ils estiment qu’elle ne ferait que compenser la bulle immobilière qui s’est formée ces dernières années dans les grandes villes. Ils tirent ainsi la sonnette d’alarme concernant la forte probabilité d’une crise majeure. En trois décennies, les prix n’ont pas connu de correction significative. Par ailleurs, la crise sanitaire a eu un impact lourd sur l’économie, dont les répercussions vont se faire sentir encore longtemps, incluant une explosion de l’inflation.