À maintes reprises, le gouvernement français a réitéré son intention d’en finir avec ce qu’il appelle « les passoires thermiques ». Mais comparée à ses voisins européens et vis-à-vis de l’objectif fixé, la France accuse un léger retard sur son planning. Certains observateurs, à commencer par le Haut conseil pour le climat (HCC), pensent même que la stratégie de départ n’était pas la bonne. La neutralité carbone pour 2050 est-elle un objectif raisonnable ? Dans sa lutte contre le réchauffement climatique et sa volonté de réduire au maximum l’émission de gaz à effet de serre, le gouvernement s’est fixé comme objectif d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2050. À 30 ans de cette date butoir, le chantier parait colossal, en particulier en ce qui concerne le parc immobilier, responsable en 2017 de 18 % des émissions de gaz à effet de serre. En moyenne, les gaz néfastes à l’environnement émis par la France via son parc immobilier diminuent de 2 % à 3 % par an. Selon le HCC, La baisse est trop peu conséquente pour envisager la neutralité carbone à la date voulue. ImportantPour parvenir à cet objectif, il faut que les émissions soient réduites d’au moins 5 % tous les ans. À titre de comparaison, un pays comme la Suède est d’ores et déjà sur le point de réussir son pari de parc immobilier à zéro émission, le pays scandinave ayant entamé sa transition écologique en 1970, en optant à l’époque pour un système d’isolation efficace pour ses bâtiments. Une erreur dans la stratégie ? Selon le HCC, La stratégie adoptée par le gouvernement pour limiter les émissions de gaz à effet de serre n’est pas la meilleure. Par la voix de sa présidente, Corinne Le Quéré, l’organisme plaide pour Une intensification des efforts. Corinne Le Quéré À l’heure actuelle, le gouvernement consacre 4 milliards d’euros aux dispositifs d’aides pour la lutte contre « les passoires thermiques », un budget qu’il faudrait, selon le HCC, Multiplier par quatre au minimum. Toujours d’après le Haut conseil, Les dispositifs comme MaPrimeRenov n’ont pas suffisamment de portée pour atteindre un résultat global satisfaisant. Les rénovations opérées à l’échelle individuelle (au niveau des ménages) n’apportent que peu d’améliorations sur les performances énergétiques. La solution préconisée par le HCC consiste, entre autres, à supprimer ce qu’il appelle « les aides aux gestes individuels » et de préparer ceux qui opèrent une simulation prêt immobilier à une éventuelle obligation d’atteinte de performance énergétique pour leur future résidence. Pour les aider à faire face à ce chantier qui s’annonce coûteux, le Haut conseil souhaite aussi que le montant de prêt à taux zéro (PTZ) soit revu à la hausse, avec une échéance rallongée.