Le taux d’usure désigne le seuil au-delà duquel les institutions bancaires ne peuvent pas octroyer un crédit. Les récentes recommandations des autorités financières, à savoir la limitation de la durée des emprunts et le rejet de toute demande de crédit immobilier avec un taux d’endettement supérieur à 33 %, ont eu pour effet de tirer ce taux d’usure vers le bas et d’exclure de nombreux ménages du marché. Ralentir l’endettement Fixé par la Banque de France, le taux d’usure correspond à la moyenne des taux pratiqués par les organismes de crédits au cours du dernier trimestre, augmentée d’un tiers. Il fait l’objet d’une révision tous les trois mois, avant d’être normalisé par une publication au journal officiel. Important Les organismes de prêts n’ont pas le droit d’accorder un emprunt à un taux supérieur au seuil d’usure. Ces derniers encourent une peine d’emprisonnement ou le paiement d’une amende en cas de non-respect de cette règle. Après une première baisse au 1er janvier, le taux d’usure a de nouveau été rogné pour ce deuxième trimestre. À titre d’illustration, pour un emprunt immobilier d’une durée supérieure à 20 ans, le plafond a été réduit de 0,10 % (en janvier, il avait déjà fait l’objet d’une diminution de 0,16 %). Au cours des trois dernières années, le seuil d’usure pour les emprunts de plus de 20 ans a reculé de 0,86 % alors que, parallèlement, les taux nominaux n’ont fondu que de 0,15 %. Ce resserrement entre les deux taux a cependant conduit à une exclusion de certaines catégories d’emprunteurs. Le nombre de refus augmente Certes, la baisse du taux d’usure profite aux consommateurs. Important Néanmoins, il faut savoir que les trois mois d’écart entre les taux utilisés pour le calcul du seuil d’usure et les modalités d’emprunt proposées dans les offres de prêts génèrent un effet ciseau qui se traduit par le rejet de nombreux dossiers. En effet, depuis le début de l’année, les taux d’emprunt affichent une timide remontée de 0,25 % en moyenne, alors que le taux d’usure continue de baisser. Dans ce contexte, le nombre de demandes de prêt refusées pour cause de dépassement du taux d’usure risque d’augmenter de manière significative. Rien que sur les trois premiers mois de l’année, seuls les meilleurs profils ont eu accès au crédit. Il s’agit des emprunteurs ayant des revenus confortables et un apport personnel conséquent, des critères qui leur permettent d’accéder à des taux bas. Les dossiers des emprunteurs aux revenus modestes ainsi que des investisseurs immobiliers, à qui les banques prêtent à des taux généralement plus élevés, se sont vus recalés. Des courtiers rapportent par exemple 64 % de refus chez les emprunteurs à faibles revenus (moins de 25 000 euros par an). Chez les investisseurs, le taux de refus est de 27 % sur les deux premiers mois de 2020, contre seulement 22 % sur la même période un an plus tôt.