L’instauration progressive de l’interdiction de louer les logements les plus énergivores, entamée avec les passoires thermiques classées G dès 2025, vise à améliorer la performance énergétique du parc immobilier français et à lutter contre le changement climatique. Cependant, la mise en œuvre de cette mesure ambitieuse se heurte à de nombreux défis, tant techniques que juridiques, soulevant des interrogations quant à sa faisabilité et à son impact réel. Un calendrier bousculé par des obstacles multiples L’objectif fixé par la loi Climat et résilience de mettre en conformité d’ici 2034 tous les logements classés F et G dans le DPE semble ambitieux, compte tenu des défis techniques et économiques sous-jacents. D’une part, les propriétaires doivent faire face à un cadre réglementaire complexe et à des aides financières souvent insuffisantes pour couvrir les coûts élevés de la rénovation énergétique. D’autre part, la gestion des travaux dans les copropriétés est rendue plus difficile par l’obligation d’obtenir le consentement unanime de tous pour entreprendre des changements importants. Des incertitudes juridiques qui fragilisent les bailleurs L’interdiction de louer les passoires thermiques pourrait avoir un impact négatif sur le stock de logements locatifs, en particulier dans les zones urbaines tendues. En effet, par crainte de voir leur bien devenir inéligible, certains propriétaires préfèrent les mettre en vente. En outre, l’application de la loi soulève des questions d’ordre juridique, notamment concernant la situation des contrats en cours et les modalités de contrôle de la performance énergétique des logements. Ce manque de clarté fragilise les relations entre bailleurs et locataires et peut freiner les investissements dans la rénovation. Perspectives et débats Face à ces défis, plusieurs acteurs du secteur immobilier plaident pour un assouplissement du calendrier. Certains proposent de reporter l’interdiction à une date ultérieure pour laisser plus de temps aux propriétaires de réaliser les travaux nécessaires. D’autres préconisent un accompagnement plus individualisé des bailleurs, en tenant compte de leurs contraintes financières et techniques. Dans tous les cas, un dialogue constructif entre bailleurs, locataires, pouvoirs publics et professionnels du secteur est indispensable pour élaborer des solutions pertinentes qui concilient de manière équilibrée les exigences environnementales, les impératifs économiques et les considérations sociales. À retenir L’interdiction de louer les passoires thermiques constitue un objectif ambitieux et nécessaire pour lutter contre le changement climatique et améliorer la performance énergétique du parc immobilier français. Toutefois, sa mise en œuvre effective doit tenir compte des nombreux défis techniques, financiers et juridiques qu’elle engendre. Un accompagnement renforcé des propriétaires bailleurs, une simplification des démarches administratives et un dialogue constructif entre les parties prenantes sont essentiels pour une transition énergétique réussie.