Le marché français de l’immobilier a connu une période de forte croissance au cours de ces dernières années. Ce temps semble toutefois révolu. Les professionnels du secteur constatent que celui-ci entre désormais dans une nouvelle ère moins réjouissante. Ce changement se ressent d’ailleurs à travers les chiffres de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim). La donne change pour les agences immobilières ayant l’habitude de boucler très rapidement des ventes de biens. En effet, les transactions s’amoindrissent. En cause, l’actuelle flambée des prix, l’augmentation des taux et le rétrécissement de l’accès à l’emprunt qui en découle. Une négociatrice chez l’office notarial Real Lex, sis à Craponne, Isabelle Chégut, confie qu’ils ne reçoivent presque aucun appel. Le DG du réseau immobilier Capifrance, Philippe Buyens, indique que le marché ralentira probablement de 10 à 15 % en 2022. En dépit de cette baisse d’activité, rien ne sert toutefois de s’alarmer. L’expert souligne que l’an passé, un exercice record avait été clôturé. Le marché est sur le point de se retourner Au cours de ces dernières années, les agences ont vu leur nombre considérablement s’accroître en France. Le même phénomène a été observé concernant les ventes de biens immobiliers. Elles ont été multipliées par deux depuis 2008. Le marché s'est donc étiré, tout comme la liste des acteurs qui se partagent les parts. Le président de la Fédération nationale de l’immobilier (Fnaim), Jean-Marc Torrollion, précise : On était à 600 000 ventes annuelles après la crise de 2008, on est maintenant à quasiment 1,2 million. Jean-Marc Torrollion Ce ralentissement se déroule de manière disparate en fonction des villes. Il s’avère plus conséquent dans les communes de grande taille, qui ont vu leur attractivité se tarir depuis la pandémie. Lorsque l’on s’écarte des principales agglomérations urbaines, l’intensité diminue. Nonobstant, le constat se révèle relativement divisé partout en France. Le président du réseau Century 21, Charles Marinakis, indique qu’il s’agit d’une perception générale. Dans les détails, les compromis de vente se sont amoindris de 6 % en mai 2022, dévoile la Fnaim. Les acteurs du marché du logement estiment ainsi que sa contraction se précise. Jean-Marc Torrollion admet que la crise économique se propage doucement et que le marché immobilier s’approche de son inflexion. Pour les ménages disposant d’une bonne capacité d’emprunt, le moment semble donc venu de réaliser leur projet d’acquérir un bien. Une chute des ventes pourrait nuire à l’activité de certaines agences Pour les négociateurs, mandataires et agents immobiliers, l’heure n’est plus à la croissance. Dans les rues commerçantes, les agences avaient vu leur nombre augmenter, se substituant progressivement aux commerces dont l’activité ralentit. Un agent immobilier à Orléans constate : Dans une des rues principales d’Orléans, la rue Bannier, où l’on compte une douzaine d’agences, 3 ou 4 nouvelles enseignes ont ouvert l’année dernière. D’après la Fnaim, le nombre de cartes professionnelles exigées pour monter une agence s’établissait à un peu plus de 42 000 en juin 2021. En août 2018, il se situait encore à 33 000. Entre-temps, une hausse de pratiquement 30 % s’est donc dessinée. Outre ce phénomène, les mandataires immobiliers se sont aussi nettement multipliés. On en comptait 45 000 l’an passé, soit une hausse de 15 % par rapport à 2020. Un agent immobilier pour le réseau Era remarque : Il y a beaucoup d’intervenants. Cela ne posait pas de problème quand le marché était en plein boom ; mais cela risque d’en poser s’il se durcit. […] Si le volume des ventes s’écroule, les moins performants seront contraints de cesser leur activité, prévoit-il. Le même cas avait déjà été observé en 2008.