Stimuler la demande intérieure est impensable pour la France. Pourquoi ? Éléments de réponse. Nombreux sont les hommes politiques français qui sollicitent une politique de relance économique. Patrick Artus, chef économiste et membre du comité exécutif de la banque Natixis, démontre en quoi ce serait une lubie. Une perspective inadaptée à la situation économique De nombreux dirigeants politiques et la plupart des économistes envisagent à nouveau une stimulation de la demande intérieure pour redresser l’économie française. Une telle politique « keynésienne » est pourtant inadaptée à la réalité économique de la France. Pourquoi ? Parce que la politique monétaire est déjà très expansionniste. Avec des taux d’intérêt sur les crédits à taux fixe (ceux octroyés aux particuliers et aux entreprises) inférieurs à 2%, la France se finance à dix ans à un taux d’intérêt à peine positif. D’ailleurs, avec une progression de 4% sur un an pour les ménages et de 5% pour les entreprises, le crédit est reparti. Une hérésie destructive Malgré le fait que les taux d’intérêt soient au plancher, recourir à la politique budgétaire pour relancer la demande semble très difficile. Le déficit public, environ 3,3% du PIB cette année, est largement supérieur à celui qui permettrait la stabilisation du taux d’endettement public. Ce dernier est évalué à 2,3% du PIB. La solvabilité budgétaire semble bien difficile à atteindre ce qui expose le pays à une éventuelle remontée du taux d’intérêt si la BCE sortait de sa politique extrêmement expansionniste. De plus, depuis la fin des années 1990, le rythme de l’augmentation des salaires est plus important que celui de la productivité du travail (+5% en 1998 et 2016). Résultat, même si elles se sont récemment redressées grâce à la diminution de la pression fiscale sur les entreprises, les marges bénéficiaires de ces dernières sont moins élevées que dans le passé. Les statistiques montrent qu’elles ont reculé à 39% aujourd’hui alors qu’elles étaient à environ 42% avant la crise de 2008. Ces marges sont par ailleurs moins importantes que celles de l’Allemagne (39% contre 44%). Ainsi, augmenter les salaires léserait les entreprises. Tous ces éléments concourent à dire que non seulement, stimuler la demande intérieure est très difficile, mais surtout qu’une telle mesure serait une politique très inefficace.