Afin de relancer la croissance dans les pays de la zone euro, la Banque centrale européenne (BCE) mise notamment sur le maintien du taux directeur bancaire au niveau minimum. Depuis le 16 mars, celui-ci est nul, mais les experts sont sceptiques quant à l’efficacité de cette stratégie, et de certaines autres mesures adoptées par l’institution. Baisse des taux directeurs et rachat massif de dettes publiques Avec un taux à 0 % censé stimuler les économies de la zone euro, les états se financent gratuitement auprès des banques centrales et peuvent à leur tour prêter à moindre coût aux ménages et aux entreprises. Par ailleurs, la BCE applique des taux de dépôt négatifs afin de dissuader les banques de stocker de l’argent dans les coffres de la BCE. Ces deux décisions sont destinées à encourager les établissements prêteurs à ouvrir les vannes pour favoriser l’endettement et l’investissement, la BCE espérant en retour une amélioration des performances des pays. Le dynamisme du marché immobilier en France est d’ailleurs la conséquence d’une hausse de la capacité d’emprunt des particuliers dans un contexte de taux d’intérêt historiquement faibles. En parallèle, la BCE a lancé en 2015 une vaste campagne de rachat de dettes publiques en injectant des liquidités dans le système financier, afin de réduire la parité euro/dollar. La manœuvre vise à rendre les exportations plus compétitives et augmenter le coût des importations. L’euro s’étant effectivement déprécié de près de 25 % par rapport au dollar, cette opération devrait se poursuivre au moins jusqu’en mars 2017. Plusieurs choix controversés de la BCE Certains économistes se montrent cependant sceptiques, estimant notamment que les prévisions des banques centrales concernant la croissance potentielle en Europe sont erronées. Ils affirment ainsi que les États ne pourront pas atteindre l’objectif de 2 %, et devront probablement se contenter de la moitié. De nombreux autres experts pensent de leur côté que la nullité des taux directeurs conforte les nations endettées dans leurs pratiques en l’absence de pression pour remettre de l’ordre dans leurs finances. Autre choix de la BCE qui est loin de faire l’unanimité, elle a revu le niveau d’inflation à la hausse, dans le but de faire baisser le coût de l’endettement et pousser les entreprises à investir afin de donner un coup de pouce à l’emploi et à la croissance.