Après la crise de 2008, le défaut de paiement de prêts immobiliers a atteint des niveaux inquiétants dans certains pays développés. Ce qui n’était pas le cas de la France, où le taux de défauts de remboursement est resté modéré. Une étude réalisée par deux économistes de l’ACPR tente d’apporter une explication à cette exception française. Taux de défauts de remboursement limité Deux économistes de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR), qui ont présenté leur rapport d’enquête dans la dernière édition de la Rue de la Banque, un périodique publié par la Banque de la France, se sont intéressés à ce cas particulier de l’Hexagone. Tout d’abord, les auteurs soulignent que, contrairement à certains pays comme les Pays-Bas, la Nouvelle-Zélande ou encore la Suède, les établissements de crédit français ne sont pas soumis à des limitations spécifiques sur les ratios d’endettement. C’est ainsi que les conditions d’octroi se sont considérablement assouplies en France depuis le début des années 2000 jusqu’en 2007, au moment où les prix de l’immobilier ont atteint des niveaux vertigineux et que la production de prêts immobiliers s’est accélérée. Pourtant, malgré cet assouplissement, le nombre de défauts de paiement n’a pas explosé avec la crise. Certes, les profils à risque fort et moyen ont considérablement augmenté, mais cela n’a pas fragilisé le système bancaire, comme on l’a pu observer dans certains pays développés. Utilisation efficace de deux ratios Selon les auteurs, si les banques françaises sont parvenues à maîtriser le taux de défauts, c’est surtout grâce à l’utilisation conjointe de deux ratios, à savoir le taux d’effort (ou ratio DSTI pour debt service to income), qui est le rapport entre les revenus disponibles des ménages et le montant des mensualités et le taux d’apport personnel (ou ratio LTV pour Loan to Value), qui est le rapport entre le montant emprunté et le coût total de l’acquisition. L’analyse de 850 000 dossiers de crédits immobiliers accordés dans les années 2000 a montré que le taux d’effort accepté par les banques est moins élevé pour les crédits dont le ratio LTV est de 100 % (ou plus), que pour ceux dont le LTV se situe entre 95 % et 100 %. Autrement dit, les banques exigent un taux d'endettement très faible pour les ménages qui empruntent sans apport. De même, les emprunteurs ayant un taux d’effort supérieur à 36 % disposent d’un apport personnel plus important que ceux ayant un taux d’effort compris entre 33 et 36 %. Ainsi, « la gestion combinée des ratios LTV et DSTI permet aux banques d’éviter une prise de risque excessive. L’analyse au cas par cas des dossiers de financement et la connaissance des facteurs de risque inhérents aux profils de l’emprunteur permet une maîtrise du risque de crédit », conclut l’étude.