Après le bilan de santé des banques effectué par la BCE, la Caisse de refinancement de l’habitat (CRH) s’est avérée être l’unique établissement français à avoir essuyé un échec. Un déficit de fonds propres « durs » de 124 millions d’euros Les résultats de l’Asset Quality Review publiés par la BCE n’ont pas du tout été flatteurs pour la CRH. En effet, elle affiche un déficit de fonds propres « durs » de 124 millions d’euros, ce qui lui vaut d’être relégué au dernier rang du classement des établissements hexagonaux. Elle a en revanche réussi ses « Stress tests », mais de justesse. Ces résultats ne semblent pourtant pas alarmer la CRH, puisqu’elle a déjà remédié à ce problème. Suite à une requête du régulateur, elle a déjà procédé à une levée de capitaux auprès de ses actionnaires, qui ne sont autres que le Crédit Agricole (37,8 %), le Crédit Mutuel (31,4 %), et la BPCE, BNP Paribas et la Société Générale (actionnaires à moins de 15 %). La CRH a ainsi pu collecter jusqu’à 250 millions d’euros à fin juin. Selon un observateur, le contrôle de la BCE n’aurait pas dû avoir lieu puisque la CRH n’est pas une banque, mais un organisme de refinancement. Cependant, il a fallu passer par là compte tenu de la taille de son bilan (s’élevant à 53 milliards d’euros), jugée trop importante. C’est aussi la raison pour laquelle les actionnaires n’ont pas daigné augmenter les capitaux dans les temps. Ceci explique également pourquoi son ratio de fonds propres « durs » était plafonné à 5,74 % à fin décembre 2013, un chiffre très en dessous des exigences de la BCE. La CRH en quelques mots Conçue sur le modèle anglo-saxon, la CRH permet à ses actionnaires de refinancer une partie de leurs emprunts immobiliers sur les marchés. Cet organisme se spécialise à cet effet dans les prêts à l’habitat mis en garantie : il émet des emprunts obligataires et propose des crédits à ses actionnaires qui pourront intégrer les créances immobilières dans leurs bilans. D’après l’économiste Michel Mouillart, la CRH est encore loin d’être un acteur majeur du refinancement en France, au regard des 1000 milliards d’euros d’encours de prêts immobiliers accordés aux particuliers. Selon cet expert, en matière de refinancement des crédits immobiliers, les banques privilégient encore les émissions obligataires, les prêts interbancaires, ainsi que le recours à leurs propres dépôts. Le modèle de la CRH convient surtout aux acteurs très spécialisés comme le Crédit immobilier de France.