Le paysage du crédit immobilier français a connu des bouleversements ces dernières années, sous l’influence conjuguée du niveau historiquement bas des taux d’intérêt et de l’inflation galopante. Dans ce contexte tumultueux, les marges des banques sur les emprunts immobiliers ont été mises à rude épreuve. Celles-ci sont même passées dans le rouge en 2022. Cependant, une tendance à la stabilisation semble se dessiner en 2024, d’après les observations de l’Autorité de contrôle prudentiel et de résolution (ACPR). Une stabilisation progressive des marges bancaires Les données récentes de l’ACPR indiquent un retour progressif à l’équilibre pour les marges bancaires sur les crédits immobiliers. Après avoir atteint un creux de -1,5 % au quatrième trimestre 2022, ces marges ont amorcé un redressement salvateur, retrouvant l’équilibre au premier trimestre 2024. Cette évolution positive met fin à deux années de morosité pour les banques, qui peinaient à maintenir une profitabilité suffisante face à la pression des taux d’intérêt bas. Un accès au crédit plus onéreux pour les emprunteurs Si l’équilibre des marges est une nouvelle rassurante pour les établissements de crédit, elle ne s’accompagne pas d’une baisse des coûts de crédit pour les emprunteurs. En effet, ces derniers font face à une hausse significative des taux d’intérêt depuis deux ans. Un relèvement qui s’explique en partie par la politique monétaire restrictive de la Banque centrale européenne (BCE) visant à juguler l’inflation. ImportantEn répercutant une partie de l’augmentation de leurs coûts de refinancement sur les taux d’intérêt des crédits immobiliers, les banques ont rendu l’accès à la propriété plus difficile pour les ménages français. Il en a résulté un ralentissement du marché qui s’est traduit par une baisse du volume total des prêts accordés récemment. Des perspectives incertaines La conjoncture a également vu plusieurs acteurs bancaires et courtiers se retirer du marché, réticents à opérer dans un contexte de marges serrées et de coûts de refinancement élevés. Cette prudence a contribué à maintenir un marché immobilier en semi-veille, avec des volumes de crédits fluctuants. Malgré des signes de reprise observés au début de l’année, comme en témoigne l’augmentation des crédits immobiliers en avril, la situation reste fragile et sujette à l’évolution des politiques économiques et monétaires. A retenir Le marché du crédit immobilier français traverse une période de transition, marquée par des tensions entre les intérêts des banques et ceux des emprunteurs. La stabilisation des marges observée récemment est une première étape positive, mais des incertitudes subsistent quant à l’évolution future du marché. Un suivi attentif de la situation par les autorités et les acteurs du secteur sera nécessaire pour garantir un accès fluide et responsable au crédit immobilier pour les ménages français.