Le taux maximal au-dessus duquel une banque ne peut prêter va être recalculé mensuellement au lieu d’une fois par trimestre, de manière temporaire. Si cela devrait permettre à plusieurs acquéreurs d’obtenir un financement, le risque est que les taux progressent également plus rapidement. C’est une nouvelle attendue des professionnels du crédit : le taux d’usure, seuil maximal au-dessus duquel une banque ne peut accorder un prêt, va être révisé tous les mois. Cette modification du mode de calcul a été décidée après plusieurs échanges sur le sujet entre la Banque de France, le ministère de l’Économie et les différents acteurs du secteur. Elle sera appliquée dès le 1er février prochain, et ce jusqu’au 1er juillet 2023. En temps normal, ce taux dont le but est de préserver les candidats au prêt d’éventuels abus des banques, n'était révisé qu'une fois par trimestre. Or, avec la progression rapide des taux d’intérêts et des seuils de l’usure qui ne suivent pas, de nombreux futurs acquéreurs se retrouvaient bloqués. En recalculant ce plafond une fois par mois, le but est ainsi de « maintenir l'objectif de protection des emprunteurs qu'a le taux d'usure, tout en évitant une situation où il deviendrait un facteur de rationnement de l'offre de crédit », explique le ministère de l'Économie. « Le plus gros des hausses est derrière nous » Et pour cause, les emprunteurs ne sont pas les seuls au pied du mur. Les banques se retrouvent également dans une situation complexe, où elles sont dans l'impossibilité de relever suffisamment leurs taux pour faire face à l’augmentation des OAT à 10 ans, l'indicateur des taux d'emprunt de l'Etat français, qui fait figure d'indice de référence pour les banques afin de fixer leurs taux de crédit). Résultat : la production de crédits a donc ralenti au dernier trimestre 2022. Dans ce contexte, quel sera l’impact de l’ajustement technique du mode de calcul du taux d’usure sur les taux immobiliers ? C’est un fait, le taux moyen d'un crédit sur 20 ans est passé de 1% en février 2022 à 2,63% en janvier 2023. S’il a plus que doublé en un an, « le plus gros des hausses est derrière nous, estime Maël Bernier, porte-parole du groupe Meilleurtaux sollicitée par MoneyVox. L'OAT 10 ans est repassé durablement sous les 3% (2,48% au 18 janvier NDLR) donc des taux de crédit à 4%, ça me paraît beaucoup. Je pense que le pic sera vers 3,5% au mois de juin. Les banques vont préférer ne pas augmenter plus que de raison pour refaire du crédit immobilier un produit d'appel ». Par ailleurs, bien qu’il ne fasse aucun doute que les taux continuent encore plusieurs semaines leur progression, les emprunteurs peuvent compter sur une éventuelle baisse des prix de la pierre. Selon une étude du Crédit Agricole portant sur le crédit immobilier, les prix dans l'ancien pourraient en parallèle diminuer de 4,8% en moyenne en 2022 et de 2% en 2023. Ce qui viendrait réduire la hausse du coût du crédit et permettre de ne pas trop rogner sur la superficie du bien convoité.