Le marché immobilier chinois traverse actuellement d’importantes turbulences. En effet, n’ayant pas su juguler l'envolée des prix de l'immobilier, la Chine est aujourd’hui en passe de subir les effets pervers du retournement de ce marché. En témoigne le surprenant effondrement des ventes de logement durant les huit premiers mois de l'année, de l’ordre de 10,9 % sur un an. Une bulle qui se dégonfle Depuis le début de l'année 2014, la courbe des prix dans l'immobilier résidentiel a suivi une tendance baissière, ce qui marque les prémisses d'un éclatement de la bulle chinoise, l’une des plus importantes de l'histoire économique moderne. Toutefois, cette situation démontre également qu’une hausse des prix, reposant un phénomène de spéculation, ne pouvait se perpétuer. Selon une étude récente, les prix de l'immobilier sont passés d'une moyenne de 600 euros le mètre carré au début de la précédente décennie, à plus de 2 000 euros en 2013 dans les principales agglomérations comme Pékin. Et la spéculation a surtout été alimentée par la facilité d’accès aux crédits bancaires, qu’ils soient accordés par les banques officielles ou obtenus par l'intermédiaire « shadow banking ». Une conjoncture favorable à l’éclatement de cette bulle La chute des prix a été très marquée en août dernier. En effet, selon les statistiques publiées par le BES0 (Bureau d'État des statistiques), 68 des 70 grandes villes chinoises ont enregistré une chute en glissement mensuel des prix des nouveaux logements, contre 64 en juillet. Et sur le marché des logements anciens, il en est de même puisque 67 agglomérations chinoises ont fait face à une baisse des prix en août, contre 65 villes le mois précédent. Face à ce constat, les analystes ont tous évoqué une détérioration continuelle du marché immobilier chinois. Parmi les causes soulevées, l’on peut citer le durcissement des conditions d’octroi des prêts, les difficultés financières auxquelles font face actuellement les promoteurs ou encore la frilosité des acquéreurs potentiels convaincus que les prix vont encore baisser davantage. Les mesures prises par les autorités chinoises pour mettre un terme aux excès des collectivités locales, qui se livraient à une débauche d'investissements – l’octroi de crédits immobiliers notamment – et qui favorisaient leur endettement, sont aussi pointées du doigt. Des ajustements sont nécessaires pour pallier cette chute Fin septembre, un arsenal de mesures visant à enrayer la détérioration du marché immobilier a été présenté par la banque centrale chinoise (PBOC, People's Bank of China). L’une des mesures phares consiste à assouplir les conditions d’octroi des crédits. Les banques disposeront également d'une importante marge de manœuvre dans la détermination des taux d'intérêt ou du niveau d'apport demandé. Ainsi, les particuliers qui ont déjà souscrit un prêt et qui ont fini de le rembourser pourront profiter des avantages jusqu’à maintenant réservés aux primo-accédants à savoir des échéances de remboursement réduites, des taux d'intérêt plus intéressants et un apport personnel limité à 30 %. Les établissements bancaires pourront aussi accorder un rabais important sur les taux aux clients qui projettent d’acquérir une résidence secondaire, ou encore proposer de nouveaux contrats aux particuliers déjà propriétaires de deux biens ou plus, et qui souhaitent entre autres se lancer dans un investissement locatif, ce qui était jusqu'à maintenant prohibé. À l’annonce de ces séries de mesures, les observateurs s’inquiètent d’une possible « décélération supplémentaire » du marché, dont les effets vont se répercuter sur d’autres secteurs (le marché du ciment et de l'acier en particulier). Le chef économiste de la PBOC, Ma Ju, a cependant rassuré les différents acteurs en déclarant dernièrement devant l'IIF (Institute of International Finance), à Washington, qu’il n’y a pas lieu pour le moment de s’inquiéter et que des mesures de soutien excessives ne sont pas encore à l’ordre du jour.