Mauvaise nouvelle pour les acheteurs bretons. Malgré des transactions en berne au second semestre, les prix de l’immobilier ne fléchissent pas. Voici les causes avancées par les notaires. A l’échelle nationale, les prix de la pierre ont enclenché une légère baisse. Paris en est le symbole, puisque selon Meilleurs Agents, le prix au mètre carré est passé sous la barre des 10 000 euros à la rentrée dans la capitale. Ce qui n'était pas arrivé depuis quatre ans. Des prix qui grimpent de plus de 5% malgré une baisse des ventes Mais alors que sur l’ensemble de la France, les prix devraient baisser entre 1 et 2 % cette année, une région semble faire de la résistance : la Bretagne. Fin juin, le prix médian des appartements anciens a bondi de 5,8 % sur un an, et même de 11,5% dans le Finistère, selon les chiffres du Conseil régional des notaires de la Cour d'appel de Rennes. Quant à celui des maisons anciennes, il a grimpé de 6,8% sur un an. Même constat sur le neuf, où les prix ont progressé sur cette même période de 6,4% pour les appartements. Certes, ces chiffres datent de la fin du second trimestre, et devraient probablement être revus à la baisse à la fin de l’année. Cependant, ils tranchent avec le reste du pays. Et ils interrogent d’autant plus qu’en Bretagne, comme dans le reste de l’hexagone, le nombre de transactions immobilières est en déclin. « Au second trimestre 2023, nous enregistrons une baisse trimestrielle du nombre de vente de -23,4 % par rapport à 2022 », indique aux Echos Anne Fercoq-Le-Guen, la présidente du Conseil régional des notaires de la Cour d'appel de Rennes. Et selon ses estimations, cette baisse annuelle devrait être de l’ordre de 20% à la fin de l’année. Ce qui correspond aux chiffres fournis par Meilleurs Agents dans son rapport annuel en septembre. En effet, d’après le site d’estimation immobilière en ligne, le nombre de transactions devrait descendre à 890 000 en 2023, soit 20% de moins qu’en 2022. Des littoraux qui gonflent les chiffres Généralement, lorsque les acheteurs ne se bousculent pas sur le marché de l’immobilier, et que l’offre de biens à la vente y est alors de plus en plus conséquente, les vendeurs perdent leur position de force. Alors pourquoi, jusqu’à présent, la Bretagne est-elle préservée de cette baisse des prix ? Nicolas Bosquet, délégué à la communication du Conseil régional des notaires de la Cour d'appel de Rennes, délivre aux Echos quelques explications. D’une part, il estime que certains vendeurs ne sont toujours pas prêts à faire un effort, et continuent de maintenir des prix hauts. Une stratégie qui paye, notamment sur les zones les plus prisées, tels que les littoraux, où les acheteurs sont souvent aisés et n’ont pas besoin d’un financement bancaire. C’est moins vrai dans d’autres territoires, où les acheteurs sont plus tributaires du crédit. Or, avec la hausse des taux d’intérêts, la coût du crédit augmente. Sans compter l’inflation persistante, qui rogne le pouvoir d’achat des ménages et donc leur capacité d’emprunt. Un contexte que les vendeurs doivent prendre en compte s’ils souhaitent se débarrasser de leur bien. Des prix qui baissent pour le cœur de marché, mais pas suffisamment Enfin, si les prix ne diminuent pas en Bretagne, c’est tout simplement lié à l'indicateur de mesure utilisé, d’après le notaire. En effet, les chiffres du Conseil régional des notaires sont des prix médians constatés dans les actes authentiques, et non des prix moyens. Or, « le prix médian ne va pas forcément bouger alors même que le cœur du marché peut voir ses prix baisser », explique-t-il. Autrement dit, le prix médian est faussé par les prix à la hausse sur certaines portions du territoire, ce qui ne signifie pas que le milieu du marché n’est pas concerné par une baisse des prix. Ceci dit, avec des taux immobiliers qui ont dépassé les 4% pour toutes les durées de prêt, cette baisse de prix reste encore trop timide pour « loger Monsieur tout le monde », selon le notaire.