La hausse des taux d’emprunt et le recul timide des prix poussent les Français à rester méfiants vis-à-vis de l’investissement locatif actuellement. Certains professionnels assurent pour autant qu’attendre avant d’investir n’est pas forcément la meilleure stratégie à adopter. L’investissement locatif a-t-il perdu ses lettres de noblesse auprès des Français ? A en croire le baromètre OpinionWay réalisé pour Laforêt Immobilier le 28 septembre, cela semble être le cas. En effet, 69% des sondés estiment que la situation économique actuelle ne les pousse pas à réaliser un investissement locatif. Et seuls 51% considèrent l'immobilier locatif comme un placement financier sécurisant en période de crise économique. Des taux d’emprunt élevés et une réglementation lourde pour louer Les résultats de ce sondage ne surprennent pas les professionnels du secteur. Car tous les feux semblent être au rouge pour réaliser un investissement locatif actuellement. D’une part, les taux d'emprunt sont élevés. Depuis début septembre, ils dépassent les 4%, que vous empruntiez sur 15, 20 ou 25 ans. Au 4 octobre, ils s’élevaient même en moyenne à 4,45% pour les prêts les plus longs. Dans le même temps, bien que les prix aient chuté dans certaines métropoles, la baisse reste encore très mesurée à l’échelle nationale. D’autre part, “les propriétaires ont de nombreuses obligations, autour du DPE mais également la nouvelle obligation déclarative des biens immobilier”, explique Charly Tournayre, conseil en ingénierie fiscale et patrimoniale, interrogé par le site d’information MoneyVox. Pour rappel, afin d’identifier les locaux toujours redevables de la taxe d'habitation (résidences secondaires et les logements vacants), le fisc demande en effet à tous les propriétaires de déclarer leurs biens immobiliers à usage d'habitation. Un contexte fiscal qui n’est pas des plus favorables Enfin “la fiscalité n'est pas forcément propice à l'immobilier”, ajoute Yves Gambart de Lignières, conseil financier et gestion de patrimoine, interviewé par MoneyVox. En effet, cette année, la taxe foncière a connu une forte hausse d’au moins 7,1% dans la plupart des communes contre 3,4% l’an passé. Et elle devrait même continuer à grimper en 2024. De plus, pour lutter contre la crise du logement, le gouvernement pense notamment à aligner la fiscalité des meublés touristiques et traditionnels, ainsi que des locations vides, avec un même abattement de 40%. Alors qu’aujourd’hui, les logements meublés touristiques bénéficient d’un abattement fiscal avantageux de 71%. Savoir saisir la bonne affaire sans attendre un futur incertain Si toutes ces raisons ont de quoi dissuader les particuliers de se lancer dans l’investissement locatif, en attendant des jours meilleurs, certains veulent encore croire que ce type de placement est toujours rentable. Car dans le contexte actuel, l’offre de biens à la vente est de plus en plus conséquente, alors que la demande est en berne. Ce qui place les acheteurs dans une situation de plus en plus avantageuse, alors que les vendeurs, parfois pressés de vendre, peuvent être amenés à baisser leurs prix. Lorsqu’ils le peuvent, et qu’ils trouvent la bonne affaire, les acheteurs ont donc tout intérêt à investir, quitte à renégocier leur crédit quand les taux baisseront. “Ce qui est sûr, c'est que si vous attendez cinq ans, vous perdez cinq ans pour capitaliser. Tous les ans, vous perdez une année de capitalisation”, estime Bastien Peyriguere, le fondateur de Pépite urbaine, une start-up qui veut démocratiser l'investissement locatif.