Les acheteurs ne se bousculent pas pour acheter, en raison notamment des taux de crédit qui continuent d’augmenter. Un contexte qui pousse certains vendeurs à attendre pour se séparer de leur bien le temps que la conjoncture s’améliore. A condition d’être en mesure de le faire. Vendre ou attendre ? C’est la question qui taraude bon nombre de propriétaires en ce moment, au vu de l’état du marché de l’immobilier. En effet, ces derniers mois, celui-ci s’est détérioré, pour les vendeurs comme pour les acheteurs. Plusieurs causes peuvent expliquer cette dégradation du marché. L’une des principales étant la hausse des taux de crédit. Le pouvoir d’achat des acheteurs altéré par la hausse des taux et l’inflation A l’heure où “seulement deux achats sur dix se font sans crédit”, selon les professionnels de l’immobilier, il est crucial pour de nombreux Français d’être aidés par la banque pour financer l’achat d’un bien. Or, en seulement un an et demi, les taux ont quadruplé. A la mi-octobre, ils s’élèvent en moyenne à 4,24%, 4,37% et 4,45 % sur 15 ans, 20 ans et 25 ans, selon le courtier Meilleurtaux. Alors qu’en mars 2022, ils tournaient en moyenne autour des 1%. Dans le même temps, les prix des logements à vendre ont commencé à refluer, mais seulement timidement. Quant aux prix à la consommation, ils continuent de progresser. Selon l’Insee, ils ont en effet grimpé de 4,9 % sur un an à fin septembre. Résultat : le pouvoir d’achat des potentiels acquéreurs est fortement altéré. Aujourd’hui, “les professionnels de l’immobilier estiment qu’un crédit sur deux est refusé”, souligne le journal Le Monde. Ce qui explique la baisse du nombre de transactions immobilières. Des vendeurs qui repoussent leur projet de vente dans l’attente de jours meilleurs Selon un rapport publié le mois dernier par le site d’estimation immobilière Meilleurs Agents, le nombre de ventes devrait s'élever à 890 000 à la fin décembre, soit 20% de moins qu’en 2022. Dans ce contexte, les vendeurs pourraient être amenés à revoir leurs prix. Sauf que dans les faits, beaucoup de propriétaires préfèrent attendre avant de vendre, afin de voir si la conjoncture s’améliore. « Les vendeurs savent bien que les prix baissent, mais ils ne nous écoutent pas toujours, car ils ont l’impression d’y perdre par rapport à ces derniers mois et regrettent de ne pas avoir vendu au bon moment », explique au Monde Emmanuelle Epaillard, agent immobilier chez Iad à Saint-Nazaire. Vendre rapidement en cas de contraintes personnelles Cette situation explique notamment pourquoi les délais de vente se sont allongés un peu partout en France. « Il faut en gros une semaine de plus qu’il y a quelques mois avant de vendre son logement », selon Barbara Castillo Rico, responsable des études économiques chez Meilleurs Agents. Et en fonction du lieu où le logement est mis en vente, il faut compter entre soixante et soixante-dix jours pour que la transaction soit réalisée. Cependant, certains vendeurs ne peuvent pas nécessairement se permettre d’attendre un tel délai. C’est le cas de ceux qui ont besoin de trésorerie pour réaliser un investissement par exemple. Mais également de ceux qui se séparent de leurs conjoints, et sont donc contraints de vendre rapidement. Le cas échéant, il s’agit d’une aubaine pour les acheteurs, puisque le vendeur pressé de conclure la transaction rechignera moins à baisser ses prix, quitte à brader son bien. L’acheteur se retrouve donc en position de force, à condition d’être solvable. Généralement, c’est surtout le cas des secundo-accédants, qui disposent d’un patrimoine plus important pour acheter grâce à la vente d’un premier bien.