La crise de l’immobilier n’épargne personne. Ou presque, puisque l’ultra-luxe parisien résiste. Les biens de prestige continuent de se vendre à des prix très élevés, à des acheteurs qui n’ont pas besoin de solliciter un prêt auprès de la banque. C'est la crise sur le marché de l’immobilier. Bien que les taux de crédit commencent à se stabiliser, ils n’ont pas cessé de grimper depuis presque deux ans. Quant aux prix de la pierre, ils ont eux aussi augmenté, alors que les règles définies par le Haut conseil de stabilité financière (HCSF) pour emprunter n’ont pas été assouplies. Les emprunteurs se retrouvent alors pris en étau entre ces différents paramètres, et peinent à accéder au crédit. Et donc à la propriété. Ce qui met, également, les professionnels de l’immobilier dans l’embarras, puisqu’ils ne parviennent pas à écouler leur stock de biens mis à la vente. Des acheteurs qui paient cash Ce constat est globalement valable sur l’ensemble du marché. Toutefois, certains produits échappent à cette zone de turbulences : les biens de prestige. C’est notamment le cas de ceux situés dans le « triangle d'or » parisien, c’est-à-dire dans le 8e arrondissement de la capitale. “Ce secteur de l'immobilier va à l'encontre du marché classique. Car, contrairement à ce dernier, il n'est pas pénalisé par des questions de financement”, expliquent aux Echos Nathalie Garcin, la présidente du groupe Emile Garcin Propriétés. En effet, l'ultra-luxe parisien attire les plus fortunés, capables d’acheter comptant, sans avoir recours au prêt. Par conséquent, “la problématique des hausses de taux et du durcissement des conditions d'accès au crédit, qui plombe le reste du marché, n'ont aucun impact sur ce segment d’activité”, souligne Jérôme Quentel, le directeur du développement de Vaneau, une agence immobilière haut de gamme. Des prix qui ne fléchissent pas sur des biens considérés comme rares Là où le marché de l’immobilier de luxe se distingue également du marché “classique”, c’est sur les prix. Car alors qu’ils commencent à marquer le pas, notamment dans de nombreuses métropoles de l’Hexagone, les prix des biens de prestige ne baissent pas. Par exemple, “les quartiers Saint-Thomas-d'Aquin, Invalides et Luxembourg conservent leur aura avec des prix au mètre carré autour des 20 000 euros mais qui peuvent, pour certains logements aux caractéristiques exceptionnelles, aller bien au-delà”, selon Jérôme Quentel. Si ces prix demeurent à de tels sommets, c’est tout simplement parce que la demande est là. Alors que l’offre, elle, s’avère assez rare. Ou du moins, les bien existent, mais les acheteurs ont de telles exigences que peu de biens cochent toutes les cases pour les satisfaire. “Le logement doit être absolument parfait”, affirme Charles-Marie Jottras, le président du groupe d'immobilier de luxe Daniel Féau. Ce qui participe à maintenir des prix hauts. Une aubaine pour les vendeurs, d’autant que ces derniers ne sont généralement pas dans l’urgence de vendre. Le plus souvent, ils n’ont donc pas à brader leur bien, et peuvent se permettre d’attendre l’acheteur qui leur fera la plus belle offre. Ce n’est d’ailleurs pas uniquement vrai dans le triangle d’or parisien, puisque l'ultra-luxe résiste également bien à la crise en proche périphérie. Particulièrement à Neuilly, Boulogne-Billancourt (Hauts-de-Seine), Le Vésinet ou encore Montfort-l'Amaury (Yvelines).