Selon le dernier baromètre du Laboratoire de l’Immobilier, acquérir un logement neuf coûte de plus en plus cher aux acheteurs, qui font également face à des difficultés croissantes pour emprunter. En conséquence, certains promoteurs font face à des taux de désistement spectaculaires, jusqu'à 50%. La tension sur le secteur de l’immobilier est palpable. En raison notamment de l’inflation des coûts de construction, ainsi que de l’arrivée des nouveaux programmes immobiliers respectant la norme environnementale RE2020, les prix sur le marché du neuf continuent d’augmenter. Une hausse des prix du neuf jusqu’à près de 8% sur un an dans certaines villes Selon le baromètre des prix de l’immobilier neuf publié par le Laboratoire de l’Immobilier, le prix moyen d’un appartement neuf dans les communes de plus de 45 000 habitants atteint 5 592 euros/m² en mai 2023, contre 5 248 €/m² il y a un an. Ce qui représente une progression de +6,6% sur 12 mois, soit “la 3ème plus forte hausse des prix enregistrée depuis la création de notre baromètre”, note Kevin Brulin, chargé d’études du Laboratoire de l’Immobilier. Dans certaines grandes villes de France, l’augmentation des prix du neuf sur un an est même encore plus forte. D’après le baromètre, elle progresse à +7,7% à Strasbourg, 7,6% à Toulouse, et de 7% à Nantes, Toulon et Lille. Quant au prix moyen des quinze communes les plus chères de France pour acheter un logement neuf, il s'établit à 5 859 euros/m², soit une hausse de +6,8 % sur un an. Logiquement, Paris est en tête du podium (14 000 euros/m², soit une hausse de +6,8%), suivi de Lyon (7 124 €/m²) et de Nice (6 591 €/m²). Une difficulté d’accès au crédit croissante des ménages La hausse des prix de l'immobilier neuf n’est pas une “surprise” pour Franck Vignaud, le directeur du Laboratoire de l'Immobilier. "Nous l’avions annoncée en novembre dernier”, rappelle-t-il. En revanche, “l'élément nouveau, sans doute l'un des plus préoccupants actuellement, c'est la difficulté d'accès au crédit que rencontrent les ménages”, déplore Franck Vignaud. Et ce “malgré une demande toujours présente”, poursuit-il. Si celle-ci “ne peut pas toujours s’adapter au niveau des prix proposés”, selon ses mots, elle fait également face à des taux d’emprunt qui continuent de grimper. En effet, selon la moyenne des courtiers, au 16 mai 2023, le taux de crédit est de 3,25% sur 25 ans, de 3,11% sur 20 ans et de 2,98% sur 15 ans. Ces taux ont été multipliés par trois en l’espace d’un an. Dans ce contexte, selon Franck Vignaud, “certains promoteurs font face à des taux de désistement de 40 à 50 %, faute de solution de financement pour leurs clients”. Il ajoute également que “face au ralentissement des rythmes commerciaux, de nombreux opérateurs décalent - voire annulent - le lancement de nouvelles opérations”. Ce qui explique pourquoi, selon les statistiques du Ministère de la Transition Ecologique (avril 22 – mars 23), le nombre de mises en chantier a chuté de 8,3% entre mars 2023 et avril 2022. Les appartements en province sous les 5 000 euros/m² en moyenne Rares, les nouveaux logements commercialisés sont donc chers. Seuls les “appartements en province” restent sous la barre des 5 000 euros le m² en moyenne, selon le baromètre. A Béziers (3 642 €/m²), Quimper (3 590 €/m²), Dunkerque (3 524 €/m²) et Cherbourg-en-Cotentin (3 477 €/m²), il est même possible d’acheter pour moins de 3 700 €/m². Toutefois, ces communes ont, elles-aussi, été frappées par une augmentation des prix du neuf. “Les communes les plus abordables enregistrent des hausses de prix parmi les plus élevées”, explique même Kevin Brulin. En moyenne, pour acquérir un appartement “en province”, les prix ont connu une “hausse de +6,3 % sur un an”.