Entre début 2022 et le 1er février 2023, le taux du Livret A est passé de 0,5 % à 3 %, soit une multiplication par six. Et alors que la prochaine révision est prévue pour le 1er août prochain, le ministre de l’Économie se retrouve face à un dilemme de taille. Le gouvernement doit tenir compte des banques et des souscripteurs de crédit d’un côté, et les épargnants de l’autre. Une revalorisation à 4,3 % selon les conditions monétaires actuelles 55 millions de Français détiennent actuellement un Livret A, pour un encours cumulé d’environ 530 milliards d’euros, notamment à l’engouement suscité par son rendement en hausse. Le taux de ce livret d’épargne réglementée apprécié pour sa liquidité et sa sécurité est calculé sur la base des taux interbancaires dans la zone euro et de l’inflation sur une année glissante. D’après les économistes, En tenant compte des conditions monétaires actuelles et du niveau d’inflation attendu, cette rémunération devrait augmenter à 4,3 % à partir du 1er août prochain. Toutefois, la Banque de France peut se prononcer en faveur d’un gel du taux, conformément à son souhait de lisser sur la durée les évolutions du taux du Livret A. Son objectif est la préservation de la stabilité financière du pays au motif du caractère temporaire de l’inflation galopante et pour protéger les bailleurs sociaux. Dans les deux cas, les particuliers seront impactés, selon qu’ils sont épargnants ou candidats à la souscription d’un crédit immobilier. Une revalorisation potentiellement pénalisante pour plusieurs parties Pour rappel, le Livret A est destiné au financement du logement social, auquel s’est récemment ajoutée la rénovation urbaine. Pour cela, la plus grande partie des sommes déposées sur ce support permet à la Caisse des dépôts et consignations (CDC) d’accorder aux organismes tels que les offices HLM des prêts à long terme dont le taux d’intérêt est indexé sur celui du Livret A. En conséquence, ImportantTout relèvement de cet indicateur alourdit le coût des crédits contractés par les organismes de logement social, réduisant leur capacité de construction et de rénovation de logements. De leur côté, les banques conservent environ 35 % des fonds collectés et non centralisés par la CDC. Elles s’en servent pour verser une rémunération aux épargnants et soutenir financièrement les entreprises. Une nouvelle augmentation du taux du Livret A les défavorise, en renchérissant leurs ressources. Selon la Banque de France, Ces dernières pourraient alors se rattraper sur d’autres produits, notamment le crédit immobilier, Pénalisant les aspirants à la propriété. Elle recommande ainsi une revalorisation minime du taux du livret, afin de satisfaire les épargnants, tout en préservant les banques et les bailleurs sociaux de gros surcoûts. En vertu de la loi, l’une des prérogatives de l’institution consiste à émettre des recommandations de dérogation à Bercy. Si la décision finale revient à ce dernier sur ce volet, il a d’ores et déjà annoncé qu’il s’alignerait sur la position de la Banque de France. À retenir En hausse jusqu’à 3 % au 1er février dernier, le taux du Livret A devrait en théorie être à nouveau relevé au 1er août prochain. Cependant, la Banque de France pourrait recommander un gel du taux pour protéger les bailleurs sociaux, les banques et les emprunteurs immobiliers. L’institution préconise en conséquence une légère augmentation du taux du Livret A pour contenter les épargnants tout en limitant les impacts négatifs pour les autres parties. Bien que maître de la décision finale, le ministre de l’Économie prévoit de suivre les recommandations de la Banque de France.