Avec des prix toujours élevés, des taux qui atteignent des sommets, et une pénurie d’offres de biens et de crédits, le pouvoir d’achat immobilier des Français diminue en 2023, d’après notre étude. Décryptage. La période faste dans le secteur immobilier semble révolue. Selon le notre baromètre du pouvoir d’achat immobilier, les Français ont perdu en moyenne 5m2 de surface à l’achat depuis janvier 2023, dans les vingt plus grandes villes du pays. Et même 25m2 en moyenne depuis le 1er janvier 2020, juste avant le début de la crise sanitaire. Saint-Etienne, Nîmes, Le Mans... Ces villes où le pouvoir d’achat immobilier a le plus baissé Pour arriver à ce résultat, nous avons analysé la surface que l’on peut acquérir en juin 2023 avec une mensualité de 1 000 euros, à un taux de 3,40 % sur 20 ans, ce qui correspond à une capacité d’emprunt de 173 963 euros. Ainsi, parmi les villes dans lesquelles les Français ont le plus perdu en pouvoir d’achat sur les six derniers mois, Saint-Etienne (Loire), Nîmes (Gard) et Le Mans (Sarthe) montent sur le podium. Dans ces trois villes, les pertes de surface à l’achat sont de 7m2 pour les premières, et de 10m2 au Mans. Et entre janvier 2020 et juin 2023, la préfecture de la Sarthe a même enregistré la baisse la plus importante en termes de surface finançable, avec – 48 m2, soit l’équivalent d’un très beau 2 pièces parisien. “Aujourd’hui concrètement, les acheteurs pourront y acquérir à remboursement identique un bien d’une superficie 1,6 fois moins grande qu’en 2020, un pouvoir d’achat divisé quasiment par deux !” souligne Maël Bernier, porte-parole chez Meilleurtaux. “Traditionnellement peu coûteuse, les prix ont fortement augmenté depuis 2020, produisant cette baisse de pouvoir d’achat extrêmement forte” ajoute-t-elle. Une offre bancaire restreinte, des taux en hausse... A Angers (Maine-et-Loire) et Saint-Etienne, le constat est similaire. Depuis janvier 2020, ces villes ont respectivement perdu 47m2 et 46 m2. “Ces exemples illustrent malheureusement parfaitement la conjecture immobilière actuelle et le rattrapage fort des prix dans les villes moyennes”, explique Maël Bernier. Mais les prix ne peuvent, à eux seuls, expliquer la baisse de pouvoir d’achat des Français. Car ceux-ci sont aujourd’hui confrontés à une double peine : une offre bancaire extrêmement restreinte, ainsi qu’une hausse des taux depuis plusieurs années. “Il y a 3 ans, vous empruntiez à moins de 1 % sur vingt ans. Aujourd’hui, on est à presque 3,5% et évidemment ça fait très mal”, évoque la porte-parole de Meilleurtaux. Et à la rentrée, les taux d’intérêt pourraient même continuer de flamber, pour dépasser la barre des 4% toutes durées de prêts confondues. Paris, Lyon et Nice font de la résistance Alors certes, aucune ville n’est épargnée par la crise du pouvoir d’achat, car celle-ci est généralisée au niveau national. Cependant, certaines métropoles résistent mieux que d’autres. Bonne dernière (20ème) du classement dressé par le courtier, Paris n’a en effet perdu qu’1m2 de surface achetable depuis janvier 2023. Elle est suivie de près par Lyon avec -2m2 et Nice avec -3 m2. De même, depuis janvier 2020, la capitale n’enregistre une perte que de 4m2, contre 25 m2 en moyenne parmi les 20 plus grandes villes de l’Hexagone. A priori, il s’agit d’une bonne nouvelle pour les acheteurs. Toutefois, si ces grandes métropoles “ont comparativement ‘peu’ perdu en pouvoir d’achat, il n’en demeure pas moins qu’elles figurent aussi parmi les villes les plus chères de France”, rappelle Maël Bernier. Ainsi, “pour certains il peut être plus réalistes de se tourner vers des villes moins chères mais qui auront paradoxalement davantage perdu en termes de surface”, conseille-t-elle. D’autant que même si une baisse des prix de l’immobilier semble se dessiner, “il peut exister un délai entre la hausse des taux et la baisse des prix”, a rappelé Agnès Bénassy-Quéré, sous-gouverneure de la Banque de France, dans une récente tribune.