La remontée des taux directeurs de la BCE a tiré les taux d’intérêts des prêts immobiliers vers le haut. La conséquence est une chute de 19,9 % de la production de crédits à l’habitat en 2022, avec une accélération au dernier trimestre. Le taux de baisse signe un record qui n’avait plus été atteint depuis la crise financière mondiale. Une baisse inédite depuis la crise financière de 2008 La Banque centrale européenne a relevé son principal taux de refinancement trois fois entre la mi-septembre et fin décembre, entraînant mécaniquement une augmentation des taux de prêts logement. En parallèle, les taux d’usure sont restés relativement faibles malgré les revalorisations trimestrielles, excluant de fait un grand nombre de ménages. Enfin, dans un contexte économique tendu, les banques ont encore durci leurs conditions d’octroi de financements d’un projet immobilier. Il en a résulté un net ralentissement de l’activité sur le secteur du crédit immobilier. Le dernier observatoire CSA/Crédit Logement fait état d’un Recul de 19,9 % du montant cumulé des nouvelles souscriptions sur les 12 mois de 2022 par rapport à 2021, lié à une diminution annuelle de 20,5 % du nombre de prêts accordés. Selon les auteurs de l’étude, Un tel décrochage n’avait pas été observé depuis le quatrième trimestre 2008, au cœur de la crise des subprimes. Pour ces analystes, Le mouvement baissier marque d’autant plus les esprits que l’automne est historiquement une période faste en matière de production de prêts, et qu’en 2021, une croissance de 3,8 % avait été enregistrée. Augmentation des taux moyens, de l’apport personnel et de la durée de prêt Au cours du dernier trimestre de l’année dernière, la moyenne des taux de crédits immobiliers accordés se situait à 2,22 %, soit à 1,17 point et 1,05 point respectivement au-dessus de ses niveaux de 2021 (1,05 %) et 2020 (1,17 %) à la même période. L’Observatoire souligne que Le taux moyen des prêts logement a franchi la barre symbolique des 2 % en s’établissant à 2,05 %, une situation inédite depuis 7 ans. En effet, après les 2,07 % constatés en 2016, les taux étaient restés inférieurs à ce seuil, descendant même sous le seuil de 1 % en 2019. ImportantEn raison d’intérêts plus élevés, les emprunteurs se sont retrouvés contraints de s’endetter plus longtemps afin de garder le montant des mensualités à un niveau supportable, et surtout respecter la fameuse règle des 35 % de taux d’endettement imposé par le HCSF. Ainsi, en décembre 2022, les nouveaux financements se remboursaient en moyenne en 248 mois (presque 21 ans). La proportion de prêts à l’habitat accordés avec un terme compris entre 20 et 25 ans est passée de 55,2 % à 65,2 % en un an. De son côté, le montant de l’apport personnel a progressé de 12,3 %. Si le rythme a ralenti en comparaison avec 2021 (+13,2 %), la hausse cumulée sur 4 ans atteint 43,5 %. L’apport augmente donc de l’équivalent de 7 mois de revenus pour les ménages qui touchent moins de 3 SMIC, contre seulement 1,5 mois pour les futurs propriétaires qui perçoivent au moins 5 SMIC. À retenir Le montant de la production de nouveaux crédits immobiliers accordés a chuté de 19,9 % sur un an en 2022. Les taux d’intérêt moyens sont repassés au-dessus de 2 % pour la première fois depuis 2016. La durée moyenne des contrats s’est allongée pour se rapprocher de 21 ans. Le montant de l’apport personnel a augmenté de l’équivalent de 1,5 mois à 7 mois selon le niveau de revenus des emprunteurs.