Si elle n’a aucune conséquence pour les emprunteurs, l’opération de titrisation présente toutefois de nombreux avantages pour les banques. Elle leur donne entre autres la possibilité de prêter davantage et de diversifier leurs sources de financement. Le Crédit Agricole a l’intention de lancer une opération de titrisation de crédits immobiliers au mois de mai. La titrisation : une fausse bonne idée ? La titrisation, cette technique financière qui a conduit aux crises des subprimes américains en 2008 et qui a fait plier les grandes économies occidentales, est de retour. Tant décriée, cette manœuvre en elle-même n’a pourtant rien de dangereux. Pour la banque, il s’agit de transformer ses crédits nominatifs en titres. Les investisseurs institutionnels (banques, sociétés d’assurance, fonds d’investissement…) pourront alors se porter acquéreurs de ces titres afin de bénéficier des rendements qu’ils offrent. Cependant, en cas de défaillance des emprunteurs, ils supportent les risques de non-recouvrement et peuvent même tout perdre. Alors que les traumatismes des subprimes sont encore dans les esprits, la Banque Centrale Européenne a lancé fin 2014 un programme de rachat de créances titrisées, les fameux ABS, pour donner un bol d’air frais aux banques. L’objectif ? Stimuler la production de crédits aux PME et relancer la croissance dans la zone euro. La pratique fait de plus en plus d’adeptes parmi les banques françaises, à l’image du Crédit Agricole qui prévoit une opération de titrisation de ses prêts immobiliers au mois de mai prochain. Le portefeuille s’élèverait à 11 milliards d’euros. Dès l’annonce de ce plan, la Bundesbank et certains alliés conservateurs de la chancelière Angela Merkel l’ont vivement fustigé, qui ont dénoncé notamment un transfert des risques de crédit des banques aux contribuables « sans qu’ils n’aient rien en retour ». Ouvrir les vannes du crédit Mais si ce mécanisme n’a pas bonne réputation, il présente toutefois de nombreux avantages pour les banques. Grâce à la titrisation, celles-ci pourraient réduire leurs encours au regard de la règlementation de Bâle III qui prévoit un niveau minimum de fonds propres par rapport aux crédits consentis. En clair, les établissements améliorent leur solvabilité en faisant sortir les créances de leur bilan et pourront prêter davantage. Par conséquent, ils devraient accorder plus facilement des crédits.