Actuellement, la crise du logement concerne encore de nombreux Français et recouvre des réalités diverses. Une récente étude effectuée par la Fondation Abbé Pierre montre que le phénomène progresse. Le nombre de personnes mal logées, sans toit ou en difficulté a augmenté par rapport aux années précédentes dans l’Hexagone. Pourtant, de nombreuses résidences sont inoccupées. En moyenne, le nombre de maisons nouvellement construites a crû de 1,1 % par an entre 2010 et 2015 dans l’Hexagone. Combien de détenteurs d’assurance locataire ont pu louer les résidences qui n’étaient pas occupées par leurs propriétaires ? En tout cas, par le biais du plan Logement d’abord, 81 000 individus ont pu être relogés en 2019, contre 70 000 en 2018. Malgré les efforts entrepris par les pouvoirs publics pour résoudre les problèmes de logement en France, la crise persiste, à en croire les données publiées par la Fondation Abbé Pierre. Il reste à connaître la réponse politique à cette problématique. Nombre de Français ne vivent pas décemment alors que de nombreux logements restent inoccupés D’après l’Insee, les appartements inoccupés totalisent 3 millions d’unités, soit près de 10 % du parc résidentiel hexagonal. Parmi les logements concernés, 900 000 sont localisés dans des zones particulièrement tendues et affectées par une pénurie d’habitations. Par ailleurs, de plus en plus de studios font l’objet d’une location saisonnière sur Airbnb parce qu’ils ne sont pas habités. En région francilienne, 2,9 millions de mètres carrés de bureaux demeurent aussi vacants. Autre situation inquiétante : 4 millions de Français sont victimes de mal-logement. Près de 900 000 d’entre eux vivent notamment chez des tiers ou sont sans domicile fixe. Par exemple, certains sont accueillis par un centre d’hébergement d’urgence. Il arrive aussi que les immeubles d’habitation soient surpeuplés et que les personnes qui y sont logées ne vivent pas dans les normes de décence. Selon la Fondation Abbé Pierre, 600 000 logements sont indignes ou insalubres en France. En outre, 12 millions d’individus en situation de fragilité connaissent des problèmes de logement. Certains n’arrivent tout simplement pas à payer leurs loyers. D’autres y parviennent tant bien que mal, étant donné que le loyer représente plus de 35 % de leurs revenus. Une politique du logement à revoir ? Dans de nombreuses villes, les prix sur le marché de la pierre progressent sans cesse. En guise d’illustration, le mètre carré vaut désormais 10 000 euros en moyenne à Paris, après avoir crû de 248 % en 20 ans. En l’absence d’une quelconque régulation, les ménages modestes peinent à se loger correctement. C’est ce que démontre un rapport de l’Observatoire national de la pauvreté (ONPES) qui date de 2017-2018. Les financements gouvernementaux liés à l’accès au logement diminuent, comme le relate le rapport. Par exemple, en 2018, seulement 108 000 habitations à loyer modéré (HLM) ont fait l’objet d’un appui étatique, contre 125 000 logements en 2016. De plus, le montant de l’enveloppe consacrée aux aides personnalisées au logement (APL) a baissé de 4 milliards d’euros environ depuis 2017. En outre, la politique actuelle du logement ne tient pas compte de la situation des personnes qui vivent seules (35 % des foyers). Nombre d’entre elles souffrent donc de la pénurie de logements, ce qui peut influer sur leurs relations sociales. Les avantages fiscaux découlant de la construction de maisons neuves incitent les populations à se procurer ce type de bien. En même temps, certains propriétaires ne sont pas en mesure de financer la rénovation de leurs logements. Vers une recomposition des territoires Les Français ne cherchent pas forcément à optimiser l’exploitation des biens immobiliers déjà existants ni à procéder à la rénovation énergétique de leur ancienne propriété. Ils sont davantage intéressés par l’acquisition de nouvelles demeures en périphérie des villes, dans des zones initialement rurales. Les ménages rêvent d’acquérir une résidence spacieuse équipée d’un parking. Les appartements sont censés être lumineux et correctement équipés. Les grandes agglomérations comme Paris séduisent donc moins les jeunes ménages. Toutefois, elles demeurent plébiscitées par les seniors. Est- ce la raison pour laquelle le nombre de résidences secondaires enregistrées dans la capitale est passé à 120 000 unités ? Ces maisons, qui tirent vers le haut les prix sur le marché immobilier, auraient pu être disponibles à la location. Alors que 60 % des ménages sont propriétaires sur le territoire français, les familles les moins loties pourraient être condamnées à rester locataires. Or, les loyers, tout comme le prix du mètre carré, connaissent une forte recrudescence, notamment en zones urbaines.