Subissant le contexte inflationniste, les locataires peineront à supporter un nouveau redressement des loyers, estiment des associations de consommateurs. Ces dernières demandent par conséquent leur gel à compter du 1er juillet 2022. Leur requête, qui déplaît aux bailleurs, est en cours d’examen par le gouvernement. Reste à savoir quel choix il prendra. Aider la population à conserver leur pouvoir d’achat face à l’augmentation des prix. Tel sera l’une des principales missions à accomplir par l’Exécutif, qui vient d’être composé. À ce sujet, les loyers pèsent lourd sur cette capacité financière des ménages en France à se procurer des biens. Ils constituent entre le quart et 40 % de leur budget. Plusieurs associations de consommateurs revendiquent pour cette raison un blocage des loyers à partir de début juillet prochain. Cette demande vaut pour le secteur social, mais aussi pour celui du privé. Une telle mesure entraînerait indirectement un arrêt des subventions à l’habitation. Ce qui apporterait un avantage énorme pour le trésor public. Les propriétaires de logement rejettent l’idée d’un gel des loyers Le ministre de l’Économie, Bruno Le Maire, semble avoir discuté début mai dernier avec les associations de consommateurs. Le dossier a bien été reçu par Bercy, mais aucune décision n’a été adoptée jusqu’à maintenant, souligne l’entourage du politique. Pour les bailleurs, une suspension des revalorisations de loyers provoquerait un manque à gagner. Un responsable de l’association CLCV (Consommation logement cadre de vie), David Rodrigues, le reconnaît. Le juriste précise toutefois que ce gel n’engendrerait pas leur appauvrissement. Il attire l’attention sur le pourcentage minime de petits propriétaires dans une situation financière délicate comparé aux millions de locataires. Pour lui : Sans être dans la caricature, le bailleur a davantage de ressources que le locataire. On est sur un effort collectif, ça ne me paraît pas anormal que les propriétaires y participent. David Rodrigues Les propriétaires se montrent quant à eux relativement hostiles à l’idée d’un blocage des loyers. Les bailleurs publics justifient leur position en invoquant : Un parc social à agrandir et à entretenir ; Des charges à régler. Parmi ces derniers, l’on citera entre autres l’assurance habitation pour compte, qui est souscrite par des propriétaires dans certains cas. La hausse de l’IRL risque de devenir insupportable pour les locataires Le directeur général de l’Union nationale des propriétaires immobiliers (UNPI), Pierre Hautus réagit pour sa part : C'est un très mauvais signal pour les propriétaires, qui payent leur baguette de pain et font le plein d'essence comme tout le monde. Pierre Hautus Il déplore qu’en plus d’être frappés de front par l’affermissement des prix, les propriétaires se retrouvent confrontés à : L’obligation de payer la note de l’ensemble des travaux d’amélioration de performances énergétiques inévitables ; Une augmentation drastique des charges et de l’impôt foncier. Le responsable syndical suggère plutôt d’établir des dispositifs ciblés à destination des plus modestes dans les secteurs tendus. En France, la réévaluation des loyers s’opère annuellement et suivant la variation de l’IRL (Indice de référence des loyers). Celui-ci est mesuré sur la base de la moyenne de la fluctuation de l’indice des prix à la consommation : Sur les douze derniers mois ; Loyers et tabac exclus. En janvier-mars 2022, l’IRL a évolué de +2,48 % à cause de la conjoncture inflationniste. Une première depuis 14 ans. Sur un loyer moyen de 600 euros, cette augmentation représente annuellement environ 180 euros supplémentaires, indique David Rodrigues. Il prévient d’ailleurs que l’IRL, qui est révisé trimestriellement, pourrait grimper à 5 % d’ici le 31 décembre 2022. D’après lui, les locataires n’arriveraient pas à endurer cette progression.