Le report du second tour des élections municipales semble avoir porté le coup de grâce au logement, après la pandémie du Coronavirus et l’imposition du strict confinement. Les professionnels du secteur s’attendent à une crise sans précédente, malgré les mesures d’urgence décrétées par le gouvernement. Marc Villand a accepté de donner son avis sur la situation. Le nombre de permis de construire a drastiquement chuté au cours du mois de mars à mai, une diminution de 40% par rapport à la même période de l’année dernière. De même pour le nombre de mises en chantier qui accuse un effondrement de 44%. Un triste bilan malgré les efforts déployés par l’assurance habitation et les mesures imposées par le gouvernement. Il n’est pas à douter que c’est une conséquence directe de la crise sanitaire et des mesures strictes amenant au cantonnement total. Ce coup d’arrêt concerne la quasi-totalité des logements, que ce soit les maisons, les immeubles ou encore les « individuels groupés ». Un début de crise amorcé par le confinement Ce coup de frein résulte de la suspension temporaire des examens de projets immobiliers par les mairies. En effet, selon les statistiques de l’État, les permis de construire délivrés se chiffrent à 65 700 unités, soit une chute de 40%. Au ministère d’expliquer : Le début du confinement généralisé à partir du 17 mars a clairement marqué une rupture. En effet, les autorisations étaient très dynamiques avant le confinement. [...] Cette baisse, de même que celle des mois suivants, est à mettre en regard des fortes contraintes induites par le confinement sur l'activité des services d'instruction, l'instruction des permis de construire étant encore très peu dématérialisée. Marc Villand, le patron de la Fédération des promoteurs immobiliers (FPI), affirme que si cette situation perdure, on se dirige droit vers une grave crise de logement. Cette inertie s’explique aussi par les élections municipales et le report du second tour. C’est un phénomène récurrent, les actuels maires au pouvoir ne souhaitent pas s’engager dans un projet immobilier tant qu’ils ne sont pas garantis de garder leur fonction. Une crise inévitable malgré les mesures gouvernementales Certains professionnels de l’immobilier restent pourtant optimistes. En effet, la demande pour les logements neufs est toujours forte. Toutefois, le financement est le principal frein à ces différents projets. En ces temps de crise, les établissements bancaires jouent la carte de la prudence et exigent plus de garanties. Sur le long terme, cette condition pourrait entrainer une diminution de la demande, et le plus inquiétant, un enchérissement de l’offre. En outre, toutes les conditions seraient réunies pour causer une crise de logement. Pour éviter ce désastre, le gouvernement a annoncé vouloir simplifier les démarches pour l’instruction des permis de construire. Cette initiative, aussi bonne soit-elle, ne permettrait pas d’endiguer la crise à en croire les estimations de certains professionnels du secteur, à l’image de Marc Villand. Ce dernier indique qu’il y a une telle inertie locale que : Donc, on ne pourra pas mettre cela en place du jour au lendemain. Marc Villand La fin de l’année 2020 s’annonce ainsi rude pour le logement, les analystes estiment qu’il faudra attendre l’année prochaine pour compenser les déficits du secteur. Ce à quoi Marc Villand répond : L'année prochaine, il faudra voir. On a de fortes chances que le creux sur le nombre de permis délivrés s'agrandisse, au moins jusqu'au 1er trimestre 2021. Marc Villand