En Ille-et-Vilaine, les bailleurs sociaux ont constaté une hausse des loyers impayés depuis avril dernier. Il s’agit d’un des premiers symptômes des effets de l’épidémie de coronavirus sur la population. Face à cette situation, le département et Rennes Métropole ont déployé un dispositif d’urgence pour soutenir financièrement les locataires des HLM locaux. Les contrats d’assurance loyer impayé risquent d’être fortement sollicités par les Français en cette période post-confinement. En effet, de nombreux ménages ont des difficultés à s’acquitter de leurs charges fixes en raison de la baisse de leurs revenus depuis le début de la crise sanitaire. Les salariés modestes, mais non éligibles aux aides sociales sont notamment les plus touchés. Si le gouvernement a déployé des mesures d’urgence, les autorités locales s’efforcent aussi de mettre en œuvre des solutions. Ces différents dispositifs devraient permettre d’atténuer les retombées économiques de la pandémie sur la population, et surtout sur les plus fragiles. Les bailleurs sociaux apportent également leur contribution dans cet effort collectif. Les oubliés du système La multiplication des impayés de loyers dans les HLM révèle, dans une certaine mesure, une faille dans le système français. Les plus démunis ne sont pas nécessairement les plus touchés par la crise actuelle. En effet, si leurs revenus n’ont pas changé, ils peuvent continuer de bénéficier d’aides comme le RSA, par exemple. Selon Marcel Rogemont, président de la Fédération nationale des HLM et du conseil d’administration de NeoToa (bailleur social) : Ceux qui ont le plus de mal, ce sont les gens qui travaillent et qui ont un salaire modeste, juste au-dessus des plafonds pour les aides sociales. Eux ont pris la crise de plein fouet. Marcel Rogemont Ces profils sont inéligibles aux dispositifs dédiés aux populations considérées habituellement comme fragiles. Or, la pandémie a significativement réduit, voire supprimé, leurs sources de revenus. Ils se retrouvent ainsi dans une situation difficile, sans aucun recours possible. Comme le souligne le vice-président de Rennes Métropole en charge du logement : Aujourd’hui, les familles les plus touchées sont celles qui travaillent, qui sont salariées, en CDD ou en intérim, et qui ont une perte de revenu, car ils se retrouvent au chômage partiel, sans compensation de l’employeur. Néanmoins, les autres ménages ont également connu des difficultés, notamment avec l’augmentation des dépenses alimentaires durant le confinement. En effet, certains enfants qui prenaient habituellement leur repas à la cantine n’ont pas pu le faire. Des impayés liés à des problèmes techniques Pour relativiser la situation, des soucis d’ordre technique dans le règlement des loyers ont été évoqués. De nombreux locataires de logements sociaux ont l’habitude de payer dans les agences des bailleurs ou en confiant un chèque à La Poste. Dans les deux cas, ces canaux ont été perturbés par le confinement. Marcel Rogemont note : On estime qu’un tiers des impayés est lié à des difficultés pour payer et non à des difficultés financières. On considère donc aujourd’hui que les retards de loyers graves sont de l’ordre de 13 à 15 %. Marcel Rogemont Afin d’aider les locataires en difficulté, Rennes Métropole a pour le moment débloqué 500 000 euros pour soutenir les bailleurs sociaux. Des aides supplémentaires devraient être versées prochainement. Le Conseil départemental devrait également participer à cet effort à travers le fonds de solidarité logement. Le bailleur rennais Archipel Habitat a aussi constaté une hausse des impayés dans la région. Cela dit, ce phénomène n’est pas encore quantifiable pour l’instant en raison des effets du confinement sur les canaux de paiement habituel. Comme le note la directrice de la gestion locative et sociale du bailleur, Karine Guillaudeux : Mais il est encore trop tôt pour avancer des chiffres précis. Nous ne sommes ni alarmés ni alarmistes. D’une manière générale, nos locataires sont attachés au règlement de leur loyer et beaucoup ont eu des difficultés à effectuer le règlement. Karine Guillaudeux