A Paris, le nombre d’annonces de location a chuté de 50% en seulement une année, selon la plateforme SeLoger. Taux d’emprunt trop élevés, interdiction de location des “pires” passoires thermiques... Les causes de cette tension locative sont nombreuses. Se loger à Paris est-il désormais réservé à certains privilégiés ? A en croire les chiffres fournis le 29 janvier par SeLoger, cela en a tout l’air. D’après le portail d’annonces immobilières en ligne, le nombre de biens mis en location s’est effondré de 50% en un an dans la capitale, et de 73% en trois ans. « En dix-sept ans d’activité, je n’ai jamais vu un marché aussi tendu », révèle au Parisien Laurent Da Costa, directeur de plusieurs agences Laforêt à Paris. Des taux d’emprunts trop élevés pour les jeunes actifs Comment en est-on arrivé à cette situation ? Plusieurs causes peuvent être énoncées. Notamment le fait que les taux de crédit demeurent à des niveaux très hauts, malgré la baisse amorcée en ce début d’année. Fin janvier, les taux relevés s’élèvent en effet à 3,85%, 4,05% et 4,20% sur 15 ans, 20 ans et 25 ans. Alors qu’en mars 2022, période durant laquelle les taux ont commencé à augmenter, ils tournaient en moyenne autour des 1%. De nombreux emprunteurs, particulièrement les jeunes actifs, ne peuvent donc plus se permettre d’acheter un bien et doivent ainsi rester locataires. « Il y a moins de turn-over qu’avant », confirme Barbara Castillo Rico, responsable des études économiques chez SeLoger. Conséquence : le marché locatif est de plus en plus embouteillé, puisqu’il n’y a plus assez de biens pour loger les nouveaux arrivants. Les locations de courtes durées sur Airbnb dans le viseur des députés Ainsi, lorsque des annonces de biens à louer sont diffusées sur des plateformes dédiées, elles sont rapidement prises d’assaut. « Un appartement publié le soir va générer des centaines de mails et d’appels. On aimerait répondre à tout le monde, mais c’est humainement impossible. Du coup, il est fréquent qu’on enlève l’annonce dans la matinée », constate Laurent Da Costa. Les taux ne peuvent, à eux seuls, expliquer la saturation du marché locatif. D’autres facteurs peuvent également être avancés, telle que la crise de la construction. Mais aussi la prolifération des locations de courtes durées sur des plateformes de type Airbnb, lourdement décriée par de nombreux candidats à la location. Notamment parce que ces locations s’avèrent plus rentables pour les propriétaires, que de louer leur bien à l’année. Une grande proportion de passoires énergétiques G+ dans la capitale Une « grande loi » est promise par l’exécutif sur le sujet, et une trentaine d’amendements sont actuellement en débat à l’Assemblée nationale. Mais certaines mesures divisent, notamment celle qui réduit à 30 % le taux d’abattement fiscal dont bénéficient les revenus issus des locations des meublés de tourisme. Ou encore la possibilité d’abaisser de 120 jours à 90 jours par an la durée maximale pendant laquelle une résidence principale peut être louée. Enfin, « d’autres phénomènes spécifiques à la ville de Paris impactent l’offre, comme l’interdiction de relocation des logements G + et l’encadrement des loyers », ajoute Barbara Castillo Rico. Pour rappel, les logements notés “G+” au diagnostic de performance énergétique (DPE) sont ceux qui sont considérés comme les pires passoires thermiques. Ils représentent plus qu’un quart des logements dans la capitale. C’est donc autant de biens qui ne peuvent pas être loués.