La pandémie de coronavirus a empêché près de 2,5 millions de Français d’accéder aux soins optiques dont ils avaient besoin. Ce chiffre concerne aussi bien les personnes qui n’ont pas reçu leurs lunettes que celles qui n’ont pas eu la possibilité de consulter un ophtalmologue, comme l’indique celui qui préside la Fnof (Fédération nationale des opticiens de France), Alain Gerbel. Pour rattraper le retard de prescriptions en matière de soins optiques, il faudrait autoriser les opticiens à renouveler sans ordonnance les lunettes de leurs clients durant les 9 prochains mois. C’est ce que recommande la Fnof, qui souhaite également que la mesure soit assortie d’un remboursement de la Sécurité sociale et de la mutuelle optique des patients. Si cette proposition est retenue, les complémentaires santé seront largement sollicitées. La loi permet déjà aux opticiens de délivrer sans ordonnance des équipements optiques lorsqu’il y a urgence (lunettes cassées ou perdues) et qu’il est impossible de se rendre chez un ophtalmologue. Dans ce cas toutefois, aucun remboursement ne s’applique. Plusieurs solutions sont envisagées pour remédier au retard de prescriptions Mettre en place au plus vite le remboursement des lunettes délivrées sans ordonnance risque d’être compliqué. La limitation de la prise en charge aux montures et aux verres appartenant au panier A semble constituer une meilleure alternative. Ces produits, dont le prix tourne autour de 160 euros, sont intégralement remboursés, indépendamment de la complémentaire santé du patient. Cette mesure s’inscrit dans le cadre du déploiement récent du reste à charge zéro pour les équipements optiques. La prolongation des ordonnances de deux ans représente une autre piste. Déjà avancée à la mi-mai 2020 par le patron de Krys Group, Jean-Pierre Champion, cette solution a de nouveau été évoquée en juin. Elle permettrait aux patients de renouveler leurs lunettes sans problème. Néanmoins, le président de la Fnof n’est pas convaincu de son efficacité étant donné que généralement, la durée de validité des ordonnances est déjà longue. Il note : L'opticien peut déjà renouveler l'équipement [avec ou sans adaptation de la correction si besoin] pendant cinq ans entre 16 et 42 ans, trois ans pour les plus de 42 ans et un an pour les moins de 16 ans. Jean-Pierre Champion Le secteur optique est en péril Durant le confinement, les rendez-vous chez les ophtalmologues ont été annulés. Il n’était possible de consulter qu’en cas d’urgence. De leur côté, les opticiens ont dû fermer leurs magasins. Pour toutes ces raisons, les prescriptions de lunettes et leur délivrance ont pris un retard significatif. Depuis le déconfinement, ces différents professionnels ont repris leur activité. Seulement, ils ne peuvent pas revenir à leur rythme habituel, car les mesures barrières pour limiter les contaminations au Covid-19 sont maintenues. Dans ce contexte, certains d’entre eux prévoient une importante baisse du chiffre d’affaires qu’ils réalisent par an. Tel est notamment le cas de Krys Group qui table sur un recul de 30 à 35 %. D'autres souhaitent que l’Assurance Maladie prenne en charge la prescription à distance. De son côté, la Fnof qualifie cette situation de problème de santé publique. Elle l’a d’ailleurs signalée au ministère de la Santé au moyen d’un courrier. Cette initiative a aussi été adoptée par d'autres syndicats du secteur optique.