Alors que la fin des moteurs thermiques est prévue pour 2040, la FNH et la CFDT veulent fixer l’échéance à 2035. Ce qui pourrait nuire fortement au volet social de la filière automobile. Cependant, les deux institutions ont prévu un scénario pour limiter la casse et permettre entre autres un recrutement d’ici quinze ans. En France, la fin de la fabrication de moteurs essence ou diesel devrait survenir en 2040. Cependant, pour la CFDT et la Fondation Nicolas Hulot (FNH), le mieux serait d’arrêter la production dès 2035. Le 29 juin dernier, les deux organismes ont alors publié un document portant « scénario pour une transition juste ». Le but de celui-ci sera de circonscrire dans la mesure du possible les conséquences d’un tel changement sur le plan social. Le rapport exprime clairement que dans les cinq années à venir, les suppressions de postes s’annoncent presque inévitables. Selon les projections actuelles, 10 000 salariés perdront leur emploi dans cet intervalle. Conserver des emplois à l’horizon 2030 C’est la raison pour laquelle, explique le groupe de réflexion de la FNH et la CFDT, un dispositif de formation semble nécessaire. D’après celui-ci, cela permet de n’abandonner personne à leur sort. L’analyse conclut en ce sens : Au terme de la décennie, le secteur d’activité lié aux moteurs pourra maintenir 44 000 salariés à leur poste ; Vingt ans après cela, 40 000 autres employés pourront garder leur travail. Cela présume de continuer à fabriquer 2,3 millions de moteurs et 2 millions de voitures électriques à l’horizon 2030. Compte tenu des prévisions d’IHS Markit (un recul de 18 % d’ici neuf ans), beaucoup d’efforts doivent être fournis. Les deux organismes évoquées plus haut souhaitent aussi soumettre l’octroi des aides publiques pour la filière automobile à une condition. Pour prétendre aux subventions, les acteurs devront relocaliser leurs équipementiers et sous-traitants. Selon les estimations, cela permettrait d’embaucher 9 000 salariés d’ici 2035. Le secteur du recyclage pourra en enrôler autant, contre 15 000 personnes pour la production de batteries. Une situation qui pourrait pousser certains à déménager à proximité des recruteurs. Ce qui aurait un effet sur les sites de comparatif assurance habitation par exemple. Un secteur non solidaire En attendant, environ 57 000 travailleurs français dans le domaine des moteurs demeurent menacés par l’électrification précipitée de la filière automobile. Depuis 2011, les délocalisations chez PSA et Renault, pour certaines activités, ont conduit à la perte de 100 000 postes. Actuellement, les sous-traitants témoignent d’une grande inquiétude. Selon l’économiste Alain Grandjean : Il n’y a aucune solidarité de filière, comme le montre la crise actuelle dans les fonderies. Alain Grandjean Dorénavant, les conséquences de la transition énergétique viennent se joindre à cela. Produire un moteur diesel requiert 60 % de main-d’œuvre en plus qu’un électrique. Dans les conditions actuelles, la fabrication en France tombera à 2,2 millions d’unités dans trente ans, contre 3 millions en 2019. Cette estimation a été effectuée par les analystes de la SNH, du cabinet Syndex et de la CFDT. Lancé en 2020 par l’Éxécutif, le plan de relance visant à favoriser la mobilité électrique se révèle inadapté. D’après l’étude de la FNH et la CFDT : Produire un million de véhicules propres par an d’ici à 2025 ne protège pas les salariés contre la fin du thermique et la logique de délocalisation que cela implique.